RDC : un site protégé menacé par une société minière chinoise

La déforestation dans les environs de la mine Muchacha en septembre 2022 près de la réserve de faune à okapis au Congo.   -  
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En plein cœur de la forêt d'Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo, se trouve la réserve de faune à Okapis. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996, la réserve est menacée par la société chinoise d'exploitation de mines d'or, Kimia Mining. 

Depuis huit ans, l'entreprise Kimia Mining étend ses activités minières à l'intérieur de la réserve de faune à Okapis, un site pourtant protégé, mettant ainsi en péril la survie des animaux et de l’environnement. Une situation que dénoncent la population locale et les défenseurs de la nature.   

“Je suis un ancien habitant de Badengaido. Il y a environ 14 ans, nous vivions bien, mélangeant le travail dans les champs et l'exploitation artisanale de l'or. Notre vie n'est plus la même depuis que les Chinois sont venus et nous ont chassés de la brousse. Nous ne pouvons plus travailler ni envoyer nos enfants à l'école. Si les Chinois vous rencontrent dans la forêt, ils vous frappent. C'est dire à quel point la vie est devenue difficile ici à Badengaido”, s’indigne Muvunga Kakule, un agriculteur forcé de quitter ses terres.  

Une situation incompréhensible pour Jean Kamana, chef du village d’Epulu. “La population est inquiète, car les Chinois opèrent dans une zone protégée où nous-mêmes n'avons pas accès", se désole-t-il.

Kimia Mining s’est même érigée en gardienne d’une partie du site, accordant aux habitants un accès limité aux zones minières pour récupérer les résidus d'or. L’entreprise réclame en contrepartie, une taxe que la plupart n'ont pas les moyens de payer.  

Mise en danger d’espèces protégées

La réserve, qui s'étend sur plus de 13 000 kilomètres carrés, est devenue un site protégé en raison de sa biodiversité unique et du grand nombre d'espèces menacées qu'elle abrite, dont l'okapi. Le site abrite 15% des 30 000 spécimens restants dans le monde. 

“Nous ne voyons plus certaines espèces qui étaient pourtant bien protégées ici. À notre époque, nous avons vu des espèces protégées comme les okapis, les éléphants, les antilopes. Nous avons même vu des singes. Mais il est devenu difficile de les voir”, observe Aime Vusike Kiruzi, directeur général de la radio Epulu.  

Pendant ce temps, Kimia Mining a renouvelé ses permis d’exploitation jusqu'en 2048, selon les registres officiels. Un scandale pour les organisations de protection de la nature qui dénoncent une législation ambiguë sur la question.  

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