La Première ministre de la République démocratique du Congo, Judith Suminwa, est arrivée ce vendredi à Goma pour une mission d'évaluation de l'état de siège en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu.
RDC : à Goma, la colère face à l’inefficacité de l’état de siège
Cette mesure exceptionnelle, mise en place par le président Félix Tshisekedi il y a plus de trois ans et demi, visait initialement à rétablir la sécurité dans ces régions en proie à des violences persistantes.
Cependant, son efficacité fait l'objet de vives critiques, de nombreux observateurs et citoyens estiment qu’elle n’a pas apporté les résultats escomptés.
“...comme vous le savez, l’année dernière, le président a pris une ordonnance avec des mesures d’atténuation par rapport à l’état de siège. C’est vrai que toutes les mesures d’application n’ont pas été mises en place et donc c’était important pour nous de venir discuter avec les forces vives de la province et de pouvoir voir s’il y a des éléments nouveaux pour voir comment on va assurer l’application de ces mesures-là pour aller un peu plus loin par rapport à ce qui avait déjà été prévu”, a déclaré la Première ministre de la RDC, Judith Suminwa.
À son arrivée à Goma, la Première ministre Judith Suminwa a été confrontée à une manifestation de jeunes exprimant leur mécontentement face à l'état de siège. Des slogans tels que "L'état de siège dégage !" ont résonné dans les rues, traduisant la frustration croissante des populations face à une mesure jugée inefficace pour résoudre l'insécurité qui continue de ravager les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu.
Fiston Kakule, un jeune habitant de Goma, exprime sa désillusion face à l’état de siège :
"Le président de la République lui-même avait déclaré qu’il instaurait l’état de siège pour rétablir l’autorité de l’État et traquer les groupes rebelles. Mais, étant donné que Goma est toujours encerclée par ces groupes, nous ne voyons pas l’utilité de cette mesure."
Dans un camp de déplacés, Sifa Bauma, comme tant d'autres, partage son désespoir et son manque de confiance envers les autorités. Pour elle, l'état de siège, en vigueur depuis plus de trois ans et demi, a clairement montré ses limites.
"Depuis qu’il a été instauré, nous n’avons vu aucun résultat concret. En tant qu’habitants qui souffrons dans les camps de déplacés, nous demandons qu’il soit levé. On a mis un gouverneur militaire, mais nous ne voyons aucune action significative de sa part."
En août 2023, le président Félix Tshisekedi a annoncé des mesures d’allègement concernant l’état de siège. Ces mesures incluent la levée de certaines restrictions constitutionnelles, offrant ainsi plus de libertés aux citoyens. Parmi les changements notables figurent la fin du couvre-feu, la liberté de circulation des personnes et de leurs biens, ainsi que la liberté de manifestation pacifique et de réunion. Pour autant, ces mesures n’ont pas apaisé les critiques sur l’efficacité globale de l’état de siège.
La Première ministre rencontrera à Goma des représentants politiques, de la société civile, des confessions religieuses et des mouvements citoyens. Après Goma, elle se rendra en Ituri pour poursuivre sa mission d'évaluation. L'état de siège, initialement mis en place pour mettre fin aux violences armées et ramener la paix dans les deux provinces, peine à atteindre ses objectifs.