Burundi : l'akazehe, la salutation chantée menacée de disparition

Prudencienne Numukobwa, 85 ans, deuxième à gauche, est assise avec ses invités devant sa maison à Ngozi, au Burundi, le vendredi 20 septembre 2024.   -  
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L'Akazehe est une tradition burundaise de salutation chantée, réservée exclusivement aux femmes. Cette coutume unique, marquée par l'échange de vœux et de bénédictions, renforce les liens affectifs et sociaux. Cependant, l'Akazehe est menacé par la modernisation et le désintérêt des jeunes générations.

Sylvie Mbonimpa s'est rendue chez sa fille Mélanie pour la première fois depuis plusieurs mois, et leurs retrouvailles ont pris une tournure particulière grâce à la tradition burundaise de l'Akazehe. Cette salutation, qui se déroule sous forme de chant, permet d'échanger des vœux et des bénédictions poétiques. Sylvie a exprimé ses sentiments et ses préoccupations en chantant : « Tout va bien ici à la maison ? », « Que Dieu bénisse ton passé et ton avenir » et « Que ton mari se porte bien ». Mélanie a répondu simplement par des « oui », symbolisant un lien réciproque d'affection et de respect.

L'Akazehe est une tradition culturelle riche, réservée aux femmes, qui renforce les liens affectifs et sociaux. Avec des gestes d'amour et d'hospitalité, cette pratique crée un espace où les femmes se sentent valorisées et reconnues. Cependant, avec les défis posés par la modernisation et les nouvelles normes sociales, cette tradition se perd progressivement. Des aînés, tels que Sylvie, s'efforcent de la maintenir vivante en l'enseignant aux jeunes générations, pour que celle-ci continue de faire partie intégrante de la culture burundaise.

La disparition de l'Akazehe inquiète les experts culturels, car elle pourrait affaiblir la cohésion sociale en privant la communauté d'un moyen d'expression et de connexion authentique. Les jeunes générations montrent souvent peu d'intérêt pour l'Akazehe, compromettant ainsi la préservation de l'amour pur et du respect que cette tradition incarne.

Malgré son déclin, certaines femmes comme Sylvie, âgée de 76 ans, persistent à enseigner l'Akazehe, espérant le transmettre aux générations futures comme un héritage vital. Cette pratique est particulièrement précieuse dans un pays comme le Burundi, qui a traversé des périodes d'instabilité politique et de guerre civile. L'Akazehe a été reconnu par l'UNESCO pour son rôle dans la promotion de la paix et des valeurs culturelles, soulignant son importance non seulement pour préserver des traditions, mais aussi pour soutenir le bien-être psychologique et social des femmes confrontées à des défis contemporains.

Ainsi, même si sa pratique diminue, l'Akazehe reste une source essentielle de réconfort et d'harmonie pour les femmes burundaises, servant de pilier culturel et émotionnel dans des temps difficiles. Les efforts continus pour sa préservation reflètent une résistance contre l'homogénéisation culturelle et un désir de maintenir vivantes les expressions uniques de l'identité communautaire.

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