Massacre en Haïti : les survivants racontent

Des proches portent le cercueil de Jean Louis Jeune Gracien, tué lors d'une attaque par des gangs armés, lors de ses funérailles à Pont-Sonde, Haïti, mardi 8 octobre 2024.   -  
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Haïti fait son deuil, après les tueries de jeudi dernier où des gangs ont pris d'assaut la localité de Pont-sondé faisant au moins 70 morts et des blessés. Des funérailles ont été célébrées mardi pour l'une des victimes.

Jean Louis Jeune Gracien, 41 ans, enterré lors d'une cérémonie sorbre, mais émouvante à laquelle ont assisté son fils de 14 ans, sa femme, Ovenia Joaunis, ainsi que d'autres parents et amis.

Plus tôt dans la journée, l'oncle de Gracien, Elvens François, s'est souvenu de la nuit de l'attaque alors qu'il se promenait dans le cimetière pour préparer l'enterrement.

Il s'est souvenu qu'il transportait un sac en plastique avec ses affaires alors qu'il s'apprêtait à fuir sa maison lorsque trois hommes armés d'armes automatiques l'ont encerclé.

L'un d'entre eux tenait François par l'arrière tandis que les deux autres membres du gang lui faisaient face.

« Ils m'ont attaqué, m'ont coincé et m'ont tout pris », a-t-il déclaré, les larmes aux yeux.

Il ne sait pas pourquoi il a été épargné.

Une poignée de personnes restées dans la petite ville du centre d'Haïti après l'assaut de jeudi ont accusé le gouvernement d'être responsable de l'attaque du gang Gran Grif.

Un autre survivant de l'attaque, qui a voulu être identifié seulement comme Jacques, était assis dans le cimetière, tenant fermement une machette.

Jacques a déclaré que les gangs se cachaient dans une ancienne usine et tiraient sur les gens qui passaient devant.

« L'État est responsable. S'il avait envoyé des chars armés pour sécuriser la population, les gens ne seraient pas morts comme ça », a déclaré Jacques.

Frantz Baptism a montré un sac en plastique rempli de douilles de balles qu'il a ramassées dans les rues après l'attaque.

Baptism, un agent de sécurité, a déclaré qu'il avait vu un groupe d'autodéfense local essayant de tenir le gang à distance.

« La résistance les a repoussés (le gang) et ils ont quitté la zone. Mais quand nous sommes revenus ici, nous avons vu des corps partout, un mort ici, deux morts de l'autre côté - des corps tout autour », a déclaré Baptism.

Cependant, selon le Réseau national de défense des droits de l'homme d'Haïti, ce sont ces mêmes efforts d'autodéfense qui ont déclenché l'attaque.

Le groupe de défense des droits de l'homme a déclaré dans un rapport que Gran Grif était en colère parce que le groupe d'autodéfense essayait de limiter l'activité du gang et de l'empêcher de tirer profit d'un péage routier improvisé qu'il avait récemment mis en place à proximité.

Pont-Sondé était autrefois une communauté animée avec un marché prospère près du puissant fleuve Artibonite, le plus long d'Haïti.

Aujourd'hui, les rues sont vides, les maisons cadenassées et les murs percés d'impacts de balles.

Romain Le Cour, expert principal sur Haïti pour l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, a qualifié l'attaque de Pont-Sondé de « massacre le plus terrifiant depuis des décennies en Haïti ».

De tels massacres étaient limités à la capitale Port-au-Prince, dont 80 % est contrôlée par des gangs et qui est désormais patrouillée par la police kenyane à la tête d'une mission soutenue par les Nations unies, qui doit faire face à un manque de fonds et de personnel.

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