Guerre au Soudan : l'UNICEF tire la sonnette d’alarme pour les enfants

Des enfants soudanais souffrant de malnutrition sont traités dans une clinique MSF au camp de Metche, au Tchad, près de la frontière soudanaise, 7 avril 2024.   -  
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Sheldon Yett, représentant de l'UNICEF au Soudan, a exprimé aujourd'hui son inquiétude face à la gravité de la situation humanitaire dans le pays, qualifiant la situation d'"urgence de protection de l'enfance".

Dans une interview accordée à UN News depuis Port-Soudan, Yett a souligné que "l'avenir du Soudan dépend d'un cessez-le-feu", alors que la guerre continue de ravager le pays.

La déclaration de famine dans le camp de Zamzam, situé dans le nord du Darfour, par le Comité d'examen de la famine (FRC), a été un signal d'alarme pour l'ensemble du pays. Yett a souligné que cette déclaration "n'est pas une chose anodine", rappelant que c'est seulement la troisième fois en 20 ans qu'un tel niveau d'insécurité alimentaire est observé au Soudan. "Cela signifie que les enfants sont désespérés. Cela signifie que les habitants sont désespérés. Nous avons une situation extrêmement alarmante sur le terrain", a-t-il déclaré.

Le camp de Zamzam, selon Yett, n'est qu'un symptôme d'une crise beaucoup plus large. "Ce n'est qu'un signal d'alarme", a-t-il averti, "il indique des choses terribles qui se passent là-bas, une insécurité alimentaire terrible."

Malgré les efforts de l'UNICEF pour fournir des ressources vitales, Yett a expliqué que la livraison d'aide humanitaire est de plus en plus difficile. "La guerre se poursuit. Il y a des contraintes d'accès. Il est difficile de faire entrer un camion. Il y a constamment de nouvelles autorisations, des bandits sur la route, des tirs, de l'insécurité", a-t-il décrit.

« À moins que nous n'ayons la paix, à moins que nous n'ayons des cessez-le-feu, à moins que nous n'ayons des accords pour un accès sécurisé, je crains que la situation ne s'aggrave. »

L'éducation est également gravement affectée par le conflit. Selon Yett, "il y a au moins 18 millions d'enfants qui ne vont plus à l'école". L'UNICEF s'efforce de maintenir un accès à l'éducation, même dans les conditions les plus difficiles. "Ce matin même, je me suis rendu dans un camp juste à l'extérieur de Port-Soudan, où j'ai vu des élèves ayant accès à l'enseignement à distance", a-t-il rapporté, insistant sur l'importance de l'éducation non seulement pour l'apprentissage, mais aussi pour offrir un semblant de normalité aux enfants.

Alors que la saison des pluies approche, le risque de maladies telles que le choléra et le paludisme augmente. Yett a révélé que des discussions sont en cours avec le ministre de la Santé pour organiser une campagne de vaccination contre le choléra. "Nous travaillons avec nos partenaires et avec le gouvernement pour distribuer des moustiquaires, obtenir des médicaments antipaludéens, et s'assurer que les enfants en particulier, mais aussi l'ensemble de la population, soient protégés contre le paludisme", a-t-il ajouté.

Les violations des droits de l'enfant se sont multipliées par cinq depuis le début du conflit, selon Yett. L'UNICEF s'efforce de fournir un soutien à tous les enfants du pays, en s'appuyant sur des groupes communautaires, religieux et des soins psychosociaux informels.

Yett a également mis en garde contre les "mécanismes d'adaptation négatifs" auxquels les familles peuvent recourir face à la pénurie alimentaire. "Les enfants sont plus susceptibles de travailler comme enfants travailleurs. Ils sont plus susceptibles de se marier tôt, de se marier en tant qu'enfants, ce qui bien sûr est totalement inacceptable", a-t-il déclaré. Pour prévenir ces dérives, l'UNICEF plaide pour une approche globale, incluant la fourniture de services essentiels pour répondre aux multiples risques auxquels les enfants sont confrontés.

Face à cette crise humanitaire sans précédent, Yett conclut en appelant à une action urgente : "Nous avons besoin de la paix, de cessez-le-feu, et d'un accès sécurisé pour pouvoir sauver des vies et garantir un avenir pour les enfants du Soudan."

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