L'armée soudanaise a déclaré que son commandant en chef, le général Abdel-Fattah Burhane, avait survécu à une attaque de drone lors d'une cérémonie de remise de diplômes militaires qui a tué cinq personnes dans l'est du pays.
Soudan : le général al-Burhane survit à une attaque de drone
L'armée a déclaré dans un communiqué mercredi que l'attaque par deux drones avait eu lieu à Gebeit, une ville de l'est du Soudan, après la fin de la cérémonie. Burhane, qui assistait à la cérémonie, n'a pas été blessé, selon le lieutenant-colonel Hassan Ibrahim, du bureau du porte-parole militaire.
Le Soudan est déchiré par la guerre depuis plus d'un an entre l'armée et un puissant groupe paramilitaire, les Forces de soutien rapide. Les combats se déroulant dans la capitale, Khartoum, les chefs militaires opèrent principalement dans l'est du pays, près de la côte de la mer Rouge.
Des vidéos mises en ligne par Al Araby TV montrent plusieurs personnes courant sur une route poussiéreuse au moment de l'attaque de drone, tandis que d'autres images montrent des participants à la cérémonie de remise des diplômes regardant apparemment vers le ciel au moment où le drone a frappé.
Tentative d'assassinat
Cette tentative d'assassinat intervient près d'une semaine après que le chef des forces paramilitaires soudanaises a déclaré qu'il prévoyait de participer le mois prochain à des pourparlers sur le cessez-le-feu en Suisse, organisés par les États-Unis et l'Arabie saoudite.
Le général Mohammed Hamdan Daglo, chef des forces de soutien rapide qui combattent l'armée soudanaise, avait alors souligné que ces pourparlers constitueraient "une étape majeure" vers la paix et la stabilité au Soudan et permettraient de créer un nouvel État fondé sur "la justice, l'égalité et le régime fédéral".
Le ministère soudanais des Affaires étrangères a répondu mardi à l'invitation des États-Unis à participer aux pourparlers de Genève, déclarant que le gouvernement soudanais, contrôlé par les militaires, était prêt à y prendre part, mais que toute négociation avant la mise en œuvre de la déclaration de Jeddah "ne serait pas acceptable pour le peuple soudanais".
La déclaration de Jeddah sur l'engagement à protéger les civils, adoptée l'année dernière, visait à mettre fin au conflit, mais aucune des deux parties ne s'est engagée à respecter ses objectifs.
Aide humanitaire
Des représentants de l'armée soudanaise et des FSR, dirigée par Mohamed Hamdan Dagalo, se sont engagés dans des pourparlers relancés par les États-Unis et l'Arabie saoudite à Jjeddah, se concentrant sur l'acheminement de l'aide humanitaire, l'obtention de cessez-le-feu et l'ouverture de la voie vers une cessation permanente de l'agression, parmi d'autres objectifs.
Dans sa déclaration de mardi, le ministère soudanais des Affaires étrangères a accusé les FSR d'être la seule partie à attaquer les villes, les villages et les civils. Le gouvernement soudanais, contrôlé par les militaires, a demandé que des sanctions soient imposées aux "rebelles pour qu'ils cessent leur agression permanente, mettent fin au siège des villes et ouvrent les routes".
"Les participants à cette initiative sont les mêmes que ceux qui ont pris part aux pourparlers de Jeddah, et les sujets abordés sont identiques à ceux qui ont été convenus", peut-on lire dans la déclaration.
Le ministère a ajouté que le gouvernement dirigé par l'armée devait être consulté sur l'ordre du jour prévu pour toute négociation et sur les parties qui y participeraient, les dispositions de la déclaration de Djeddah devant servir de base aux futurs pourparlers.
Négociations
"Le gouvernement soudanais a demandé qu'une réunion soit organisée avec le gouvernement des États-Unis afin d'ouvrir la voie à des négociations de paix dans l'intérêt du peuple soudanais", a déclaré le ministère des affaires étrangères.
Cameron Hudson, ancien chef de cabinet de l'envoyé spécial au Soudan, a déclaré que la réponse du gouvernement militaire soudanais était "beaucoup plus positive et ouverte" qu'il ne l'avait prévu, car elle ouvrait la porte à des pourparlers préliminaires avec les États-Unis.
"Je ne connais pas d'autre envoyé américain qui ait eu à négocier un ensemble de questions aussi complexes sans avoir accès au pays, à son peuple et à ses dirigeants. Une tâche impossible. Les États-Unis devraient saisir cette occasion et proposer des pourparlers parallèles avec les Forces de soutien rapide (SAF) dans les plus brefs délais", a-t-il déclaré.
Les Forces de soutien rapide ont été formées à partir de combattants Janjaweed créés sous l'ancien président soudanais Omar el-Bechir, qui a dirigé le pays pendant trois décennies avant d'être renversé lors d'un soulèvement populaire en 2019. Il est recherché par la Cour pénale internationale pour génocide et autres crimes commis lors du conflit au Darfour dans les années 2000.
Plus de 4,6 millions de personnes ont été déplacées en raison du conflit, selon l'agence des Nations unies pour les migrations. Parmi elles, plus de 3,6 millions ont fui vers des zones plus sûres à l'intérieur du Soudan et plus d'un million d'autres ont traversé les pays voisins. Plus de 285 300 personnes ont fui vers l'Égypte.