Alors que le pays fait face à une crise du logement, une entreprise de construction kényane espère inverser la tendance grâce à des maisons abordables imprimées en 3D.
Kenya : l'impression 3D pour résoudre la crise du logement
Un amas de tôles rouillées, c’est l’image qu’offre ce bidonville de Nairobi, la capitale du Kenya. De nombreuses familles habitent ici, souvent sans toilettes ni eau courante.
Jacinter Awino fait partie de ces résidents. Elle élève ses 4 enfants dans cette petite cabane en tôle. Son conjoint est employé à temps partiel dans le secteur du bâtiment. Il gagne à peine 75 dollars par mois.
Ce couple a du mal à réunir les 3 800 dollars requis pour acheter un logement appartenant à l'État.
"Nous aimerions vraiment déménager dans de meilleures maisons, mais nous n'avons pas les moyens de nous les offrir. Ces logements sociaux sont un rêve pour nous, mais nos revenus ne nous le permettent tout simplement pas"., explique-t-elle.
Cette machine applique un mortier spécial pour former des murs en béton. Le Kenya mise a décidé de miser entre autres sur la technologie émergente de l'impression 3D dans la construction des maisons. Une entreprise, 14Trees, a utilisé cette technologie pour construire une maison témoin à Nairobi et dix autres dans le comté côtier de Kilifi.
"Le besoin de logements sur le continent est énorme. Ils sont de l’ordre de 2 millions de maisons ici au Kenya, plus de 10 millions au Nigeria et nous savons que si nous voulons rattraper ce retard, nous devons construire différemment, nous devons construire à grande échelle, avec rapidité et avec des matériaux à faible teneur en carbone et c'est ce que la construction par impression 3D rend possible pour que nous puissions rattraper ce retard rapidement." , explique François Perrot, directeur général de 14 Trees, entreprise de construction 3D
Mais cet optimisme n’est pas partagé par tous. Pour cet architecte par exemple, cette technologie est encore loin de réduire le déficit de logement.
"Malgré le grand potentiel de la technologie de l'impression 3D, il faudra encore beaucoup de temps pour qu'elle puisse rivaliser avec la brique et le mortier. Avec la brique et le mortier, tout le monde peut construire sa maison où qu'il se trouve, accéder aux matériaux, aux artisans qui peuvent construire la maison et planifier les coûts. …3L'impression 3D, en tant que technologie, n'offre pas toutes ces options. ...’’ , raconte Nickson Otieno, architecte et fondateur de Niko Green, un cabinet de conseil en développement durable.
Le gouvernement kenyan a lancé en 2022, un projet visant la construction de 250 000 logements par an. Dans le cadre du projet gouvernemental les unités d'une chambre à coucher étaient vendues 7 600 dollars l'année dernière.
Felister Muema, est devenue propriétaire grâce à ce plan. La quinquagénaire a versé un acompte d'environ 10 % dans le cadre d'un plan d'épargne et devrait rembourser le solde en 25 ans.
"C'est le premier endroit où je vis et qui m'appartient en permanence. C'est ici que j'ai commencé à vivre ma vie. Je n'ai jamais vécu ma vie. Maintenant, j'ai commencé à vivre ma vie parce que j'ai de l'espoir......’’, raconte-t-elle.
La population urbaine du Kenya représente un tiers de la population totale du pays, qui s'élève à plus de 50 millions d'habitants.
Selon UN-Habitat, 70 % des citadins vivent dans des zones d'habitat informel caractérisées par un manque d'infrastructures de base.
En juin 2023, le parlement kenyan a adopté une loi de finances prévoyant une nouvelle taxe sur le logement de 1,5 % du revenu brut, qui doit être utilisée pour construire des logements abordables.
Cette loi est contestée devant les tribunaux. Ses détracteurs affirment qu'elle est discriminatoire car elle ne s'applique qu'aux personnes ayant un emploi formel.
Si la taxe est rejetée, le gouvernement kenyan devra chercher ailleurs des fonds pour construire des logements abordables.