Les revers judiciaires n’ébranlent pas la détermination du Royaume Uni d’expédier les migrants arrivés illégalement sur son territoire vers le Rwanda. Londres et Kigali ont signé mardi un nouveau traité sur le sujet.
Le Rwanda et le Royaume-Uni signent un nouvel accord sur les migrants
Il a été présenté à la presse trois semaines après le camouflet infligé au gouvernement de Rishi Sunak par la Cour suprême britannique. Elle avait confirmé que son projet était illégal en l'état. La nouvelle copie vise doit donc à corriger les failles décelées par la justice. Londres et Kigali veulent désormais attaquer le mal à la racine.
"Le traité que nous avons signé aujourd'hui s'appuie sur ce travail commun. Il reprend l'attitude professionnelle positive que vous et votre gouvernement affichez et l'associe au travail que le Royaume-Uni accomplit pour s'assurer que nous brisons le modèle commercial de ces gangs diaboliques de passeurs.", a déclaré James Cleverly, ministre de l'Intérieur du Royaume-Uni.
Le texte de 43 pages stipule que les migrants expulsés au Rwanda ne seront pas renvoyés vers un pays où leur vie ou leur liberté seraient menacées. Et surtout pas vers leur pays d'origine.
"Le Rwanda et le Royaume-Uni sont conscients qu'il est absolument nécessaire de trouver des moyens novateurs pour remédier aux souffrances des migrants qui effectuent des voyages dangereux et désespérés, ainsi qu'à l'exploitation des passeurs criminels. Il est également nécessaire de s'attaquer aux causes sous-jacentes qui poussent les gens à quitter leur pays. En d'autres termes, les bateaux ne seront pas complètement stoppés si nous n'inversons pas le manque d'opportunités et l'insécurité dans les pays du monde entier", a expliqué Vincent Biruta, ministre rwandais des affaires étrangères.
Les hauts magistrats britanniques avaient conclu mi-novembre que le Rwanda ne pouvait être considéré comme un pays tiers sûr.
Depuis le début de l'année, 29 705 personnes sont arrivées par la Manche à bord de petites embarcations, selon un décompte de l'Agence France Presse.
"J'en ai assez que notre politique avec le Rwanda soit bloquée", a déclaré de son côté le Premier ministre britannique Rishi Sunak dans une interview lundi soir au Sun.
En plus du traité, le gouvernement britannique introduira une "législation d'urgence" au Parlement pour désigner le Rwanda comme un pays sûr et ainsi "mettre fin à ce manège", a-t-il précisé.
Les défenseurs des droits de l'homme demandent au gouvernement britannique d'annuler son projet.
Londres doit "ouvrir les yeux sur le passé du Rwanda en matière de violations des droits humains, notamment à l’encontre des réfugiés et des demandeurs d’asile (...) et abandonner une fois pour toutes ses projets d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda", a exhorté Yasmine Ahmed, directrice Royaume-Uni pour l'ONG Human Rights Watch.