Une performance stratosphérique: pour son troisième marathon terminé, l'Éthiopienne Tigst Assefa a écrit à 26 ans une page de l'histoire de l'athlétisme, en améliorant le record du monde féminin de plus de deux minutes à 2h11:53, un bond jamais vu depuis plus de quarante ans.
Marathon de Berlin : Tigst Assefa pulvérise le record du monde
Avec ce chrono, la cinquième victoire -elle aussi historique- d'Eliud Kipchoge sous la porte de Brandebourg est reléguée au second plan, le Kényan dépassant pourtant l'Éthiopien Haile Gebrselassie au palmarès du marathon le plus rapide de la planète.
En septembre 2022, alors que tous les regards s'étaient portés sur le record du monde de Kipchoge en 2h01:09, Tigst Assefa, 26 ans, avait déjà fait sensation sous la porte de Brandebourg pour son deuxième marathon avec un temps de 2h15:37, à l'époque le troisième temps de l'histoire et la meilleure marque dans les rues de Berlin.
Dimanche, elle a rangé au placard le record du monde de Brigid Kosgei en 2h14:04, que la Kényane avait établi il y a un peu moins de trois ans à Chicago. Une telle progression de plus de deux minutes entre deux records du monde est inédite depuis 1983.
A titre de comparaison, l'Éthiopienne a couru plus vite que son légendaire compatriote Abebe Bikila, qui avait établi le record du monde masculin en 1964 à Tokyo, lors de son deuxième titre olympique, celui qu'il avait remporté avec des chaussures après avoir gagné pieds nus à Rome quatre ans plus tôt.
"Je ne m'attendais pas à courir aussi vite, à descendre sous les 2h12", a reconnu Assefa. "Mais c'est le résultat d'un travail dur."
Arrivée à l'athlétisme par la piste, elle s'est d'abord spécialisée sur le 800 mètres, avec un record personnel réalisé en juillet 2014 à Lausanne en 1:59.24.
Kipchoge se rassure sans record
Elle s'était qualifiée pour les Jeux olympiques de Rio en 2016 sans parvenir à sortir des séries, avant qu'une blessure au tendon d'Achille ne la force à passer à la route, avec des premières courses en 2018 sur 10 kilomètres, avant de monter sur semi-marathon et de signer un record à 1:07.28 en Allemagne en 2022, ce qui ne la plaçait pas dans les 50 meilleures performances cette saison-là.
Avec la pandémie de Covid-19, Assefa décide de ne pas courir et se lance sur son premier marathon en mars 2022 à Ryad, qu'elle boucle en 2h34:01. En l'espace de 18 mois, elle améliore donc son chrono de plus de 22 minutes.
Avec cette performance, l'athlète qui s'entraîne sur les hauteurs d'Addis Abeba (2.300 m d'altitude) se place comme l'une des grandes favorites pour l'or olympique à Paris dans un peu plus de dix mois, sur un parcours toutefois très vallonné et totalement différent de celui de Berlin, complètement plat.
Les JO-2024 restent l'objectif ultime d'Eliud Kipchoge, où il espère dépasser Bikila en réalisant un inédit triplé olympique. Dimanche, le Kényan de 38 ans s'est rassuré, cinq mois après son échec à Boston (sixième de la course en 2h09:23 à plus de trois minutes du vainqueur).
Parti sur un rythme à nouveau très élevé (pendant une quinzaine de kilomètres dans les temps de passage sous les deux heures), Kipchoge n'a certes pas amélioré son record du monde mais s'est toutefois imposé pour la 5e fois à Berlin.
En 2h02:42, il a couru le huitième marathon le plus rapide de l'histoire (il détient cinq des huit meilleurs temps sur 42,195 km).
"Bien sûr, j'espérais établir un nouveau record du monde, mais je peux vivre avec le fait que ça n'ait pas fonctionné", a commenté Kipchoge après sa course.
Le défi du triplé olympique s'annonce périlleux, avec une concurrence densifiée, incarnée par l'émergence de son jeune compatriote Kelvin Kiptum, 23 ans, qui s'est approché à 16 secondes du record du monde de Kipchoge à Londres en avril, et qui sera au départ du marathon de Chicago le 8 octobre.