Le capitaine du XV de la Namibie Johan Deysel sera jeudi l'un des plus "français" des joueurs de son équipe, ce gourmand de baguettes ayant passé ses cinq dernières saisons à Colomiers, club historique du Sud-Ouest.
Coupe du monde de rugby 2023 : Deysel, le plus "Français" des Namibiens
"J'ai passé cinq années incroyables, j'ai eu mes deux enfants ici et les gens sont vraiment très amicaux, généreux, j'y reviendrai toujours avec plaisir" , a raconté à l'AFP Johan Deysel, qui fêtera ses 32 ans le 26 septembre.
Le Namibien est arrivé en France en novembre 2018, en provenance d' Afrique du Sud où il évoluait avec les Sharks de Durban . À l'époque, Colomiers Rugby (Pro D2) cherchait un joker médical au poste de centre. "Il a mis très peu de temps à s'engager, en 18 jours, il était là" , raconte Yann Kergourlay, manager du club en charge du recrutement.
Cela faisait un moment qu'il supervisait le joueur, précisément depuis un certain match de la Coupe du monde 2015 durant lequel le blond namibien s'était permis de marquer un essai aux All Blacks .
"C’est le capitaine, il fait un gros match, défensivement, c’est très solide" , se souvient le recruteur : "Il est capable de breaker, il n’a pas un physique hors normes (1,84m pour 93 kg, ndlr) malgré tout il est très, très dur au contact" .
Le coach de Colomiers Rugby , Julien Sarraute, ne tarit pas non plus d'éloges sur ce "coéquipier modèle" : "Il a une grosse activité physique, comble beaucoup d'espace et travaille énormément pour le collectif" . De joker médical, Deysel devient rapidement "titulaire indiscutable" .
"Je l'ai vu un quart d'heure après le match des Blacks (à Toulouse, vendredi dernier, défaite 71-3), quand je vois le respect qu'ont certains d'entre eux pour lui, franchement je ne suis pas surpris" , dit encore Kergourlay.
Pendant son séjour columérin, le staff a d'ailleurs été surpris de ne pas voir de clubs de Top 14 s'intéresser à lui.
"Malheureusement ça ne s'est pas réalisé pour lui, j’en suis déçu, j'aurais aimé qu’il puisse vivre cette aventure, maintenant nous on a été ravis de l'avoir" , ajoute l'entraîneur, dont l'équipe, en quête de renouvellement, n'a pas prolongé Deysel cette saison : "Je ne vous cache pas que ça a été un choix très difficile que certainement je vais regretter" .
Car, au-delà du joueur, les dirigeants de Colomiers, grand club formateur du rugby français qui a vu passer plusieurs internationaux français ( Fabien Galthié , aujourd'hui sélectionneur du XV de France, Jean-Luc Sadourny ou plus récemment Yoram Moefana ), ont aussi été séduits par l'homme.
"Très gentil avec tout le monde, très calme, très posé. C’est quelqu’un qui transpire la bienveillance" , résume Yann Kergourlay.
"Il avait une place très importante dans le groupe, un gars sérieux, très travailleur et très présent malgré la barrière de la langue" , confirme l'ancien centre français Fabrice Catala, qui a joué avec lui.
Johan Deysel a lui adoré vivre et jouer dans ce "pays spécial" . Très croyant et proche de sa famille, il y a apprécié sa vie paisible. À Pibrac, banlieue résidentielle de Toulouse, il y a aussi aimé son rugby parfois imprévisible.
"Les Français sont des joueurs exaltants, ils aiment faire circuler le ballon, profiter du rugby comme quand on a commencé, quand on était gamin, c'est comme ça qu'ils jouent et cela a fait évoluer mon jeu" , dit-il.
Pour lui, c'est aussi le rugby pratiqué par le XV de France qu'il se réjouit de retrouver : "C'est une équipe de très haut niveau, nous jouerons avec tout ce que nous avons et prendrons un maximum de plaisir" . Il regrettera l'absence de son ami Paul Willemse, avec lequel il avait joué avec la Namibie en moins de 18 ans.
Coéquipier de Mathis Galthié , demi de mêlée à Colomiers et fils du coach des Bleus, Deysel assure en tout cas n'avoir bénéficié d'aucun tuyau pour affronter les Bleus. "Pas sûr que cela aurait aidé de toute façon" , sourit-il.