Athlétisme : Faith Kipyegon, mère accomplie qui enchaîne les records

Faith Kipyegon, du Kenya, franchit la ligne d'arrivée pour remporter le 5 000 m féminin et établir un nouveau record du monde lors du Meeting de Paris, le 9 juin 2023   -  
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Revenue à la compétition mi-2019 après la naissance de sa fille, la Kényane Faith Kipyegon enchaîne depuis quatre ans victoires, titres et records, parachevant son règne sur 1 500 m tout en se projetant avec succès sur d'autres distances.

Après avoir battu les records du monde du 1 500 m le 2 juin à Florence (3:49.11) puis du 5 000 m la semaine suivante à Paris (14:05.20), la double championne olympique et du monde du 1 500 m vise celui du "mile" (1 609 m) vendredi à Monaco, nouvel objectif de son glorieux retour de maternité .

Depuis août 2020, elle a remporté 26 des 29 courses auxquelles elle a participé, toutes distances confondues (800 m, 1 000 m, 1 500 m, 3 000 m, 5 000 m, cross-country).

Sur 1 500 m, elle a gagné 17 courses sur 18, glanant en 2021 à Tokyo sa deuxième médaille d'or olympique (après 2016), puis un deuxième titre de championne du monde en 2022 (après 2017).

A Florence, la Kényane de 29 ans a dédié son record du monde "à toutes les mères" . "Je sais ce que les femmes traversent après un congé maternité. Elles pensent que c'est la fin de leur vie. Je veux leur prouver le contraire" , expliquait-elle dans un entretien à l'AFP le 21 juin, de retour au Kenya , au camp d'entraînement de Kaptagat .

D'autres sportives avant elle ont renoué avec le haut niveau après une maternité. En tennis, Kim Clijsters a gagné trois US Open après la naissance de son premier enfant, Victoria Azarenka , Elena Svitolina , Serena Williams , sont revenues sur le circuit. 

En judo, Clarisse Agbégnénou a été championne du monde devant sa fille de 11 mois, et Alyson Felix a écumé les pistes d'athlétisme, parmi beaucoup d'autres mère-championnes.

Faith Kipyegon a interrompu sa carrière en 2017 pour fonder une famille avec son mari Timothy Kiptum , médaillé de bronze sur 800 m en 2012 aux Jeux de Londres.

"Ça n'a pas été facile mais j'étais entourée de gens (...) qui croyaient en moi" , confie-t-elle. Pour revenir, "il faut beaucoup de force mentale, il faut être forte et courageuse dans tout ce qu'on fait" .

Après la naissance de sa fille Alyn en juin 2018, elle a "pris le temps de profiter de (son) petit ange" , mais aussi de "remettre (son) corps en forme" , perdant notamment 19 kg.

Elle a rejoint l'équipe de l'entraîneur Patrick Sang, mentor de la légende du marathon Eliud Kipchoge , qui a découvert "une des rares athlètes dotées de capacités pour une grande endurance et pour la vitesse" .

"Elle a une attitude envers la vie et la course similaire à Eliud. J'ai été vraiment impressionné" , souligne l'entraîneur. "Elle ne se plaint jamais. Elle fait le travail (...) C'est une athlète très déterminée" .

"La route a été longue" , raconte la toujours souriante Kipyegon, avant-dernière d'une famille de huit enfants, qui a grandi dans le village de Chebaraa , dans le centre du Kenya.  Elle a conquis pieds nus en 2011, à 17 ans, son premier titre individuel, celui de championne du monde juniors de cross-country.

"J'étais à l'aise pieds nus. J'étais jeune, j'arrivais de mon village, je n'avais jamais utilisé de pointes" , rigole-t-elle. "Maintenant, j'utilise des pointes et je ne sais plus courir pieds nus !"  Elle est aujourd'hui une héroïne au Kenya , terre de champions de course de fond et demi-fond.

Au retour de sa folle semaine début juin, elle a été reçue en grande pompe par le président William Ruto , qui lui a offert un chèque de 5 millions de shillings (32 500 euros) et une maison d'une valeur de 6 millions de shillings (39 000 euros).

Une des plus hautes tours de la capitale Nairobi a été illuminée à son effigie par le principal opérateur de télécommunications Safaricom , qui lui a également versé deux millions de shillings (13 000 euros).

Intouchable sur 1 500 m, elle se lance désormais sur 5 000 m, après avoir travaillé son endurance aux côtés des fondeurs et marathoniens à Kaptagat.

"J'ai tout accompli et laissé mon empreinte sur 1 500 m. (...) J'ai besoin de m'initier à d'autres distances. C'est pour ça que je me suis alignée sur 5 000 m" à Paris, explique-t-elle. "C'est le chemin à suivre : 5 000 m, 10 000 m, marathon..."

Pour sa première course officielle sur 5 000 m depuis 2015, elle a battu le record du monde. Puis a remporté le 5 000 m des sélections kényanes le 7 juillet.

Aux Mondiaux de Budapest, elle briguera un troisième titre sur 1 500 m et un premier sur 5 000 m.  "A partir de là", sourit Patrick Sang, "on explorera les possibilités".

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