Au moins 11 villageois ont été tués mercredi par des voleurs de bétail dans le sud du Tchad, théâtre de fréquentes razzias meurtrières et de sanglants conflits entre éleveurs et cultivateurs, a assuré jeudi l'armée qui affirme avoir tué sept assaillants.
Tchad : 11 villageois tués dans une nouvelle razzia sur leur bétail
Ce nouveau drame est survenu le jour même de l'annonce par N'Djamena que son armée avait mené en Centrafrique une opération inédite conjointement avec des militaires de ce pays voisin pour y poursuivre, tuer et capturer des voleurs de bétail tchadiens ayant massacré 17 villageois dix jours auparavant.
Mercredi, "des bandits armés (...) voleurs de bœufs sont venus attaquer le village de Mankade dans la sous-préfecture de Laramanaye, ils ont tué 11 villageois avant d'emporter des bœufs" , a assuré à l'AFP par téléphone le ministre de la Défense, Daoud Yaya Ibrahim. "Les forces de l'ordre les ont poursuivis, ont tué sept bandits et huit ont été faits prisonniers" , a ajouté le général.
L'attaque est survenue dans l'extrême-sud du Tchad , à une soixantaine de km de la frontière avec la Centrafrique. Le sous-préfet de Laramanaye, Djimet Blama Souck, a assuré de son côté à l'AFP que les "bandits" avaient tué 12 villageois dont des femmes et des enfants.
Le 8 mai, une razzia similaire dans cette province du Logone oriental avait fait 17 morts dans un village et l'armée avait assuré que les "bandits" étaient des Tchadiens venus de la Centrafrique.
Mercredi, le ministre Yaya Ibrahim avait annoncé à l'AFP que l'armée avait poursuivi en fin de semaine dernière les assaillants en territoire centrafricain et tué "une dizaine de bandits" dans une opération militaire inédite avec des soldats de ce pays.
Jeudi, le général a assuré que l'opération avait pris fin la veille, avec un bilan de "dizaines de voleurs tués" , et que tous les soldats tchadiens étaient rentrés au Tchad, avec 30 prisonniers et 130 bœufs volés.
Les bilans livrés par l'armée de ses opérations sont impossibles à vérifier de source indépendante dans ces régions.
Il s'agissait d'une première entre ces deux pays voisins d'Afrique centrale, d'ordinaire en froid, qui s'accusent régulièrement d'abriter et de soutenir à leurs frontières des mouvements de leurs rébellions respectives.
Mercredi, le ministre Yaya Ibrahim avait démenti auprès de l'AFP les affirmations de plusieurs médias centrafricains assurant que l'opération avait pour cible des groupes rebelles tchadiens en Centrafrique.
"Il y a deux semaines, deux délégations des états-majors tchadiens et centrafricains se sont rencontrés" à la frontière "pour mettre en place une action militaire conjointe" , a confirmé jeudi à l'AFP à Bangui Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président Faustin Archange Touadéra .
Ce dernier et son homologue tchadien Mahamat Idriss Déby Itno "ont pris cette décision ensemble pour éradiquer les bandits de chaque côté de la frontière" , a-t-il ajouté.
En plus de ces sanglants pillages, les affrontements intercommunautaires très meurtriers, opposant éleveurs musulmans nomades et cultivateurs sédentaires majoritairement chrétiens ou animistes, sont très fréquents dans cette zone fertile aux confins du Tchad, du Cameroun et de la Centrafrique.