La livre égyptienne a plongé à 31,95 livres pour un dollar dans les banques d'État mercredi, avant de se stabiliser à 29,7 dans l'après-midi, selon la banque centrale.
Égypte : l'inflation aggrave la situation des ménages
Cette dévaluation, qui représente une baisse d'environ 50 % par rapport au dollar sur la période de dix mois, intervient alors que le prix des denrées alimentaires et autres produits importés s'envole dans le pays le plus peuplé du monde arabe.
La monnaie a plongé à 31,95 livres pour un dollar dans les banques d'État mercredi, avant de se stabiliser à 29,7 dans l'après-midi, selon la banque centrale.
Elle s'était échangée mercredi à environ 35 livres pour un dollar sur le marché parallèle.
L'économie égyptienne a été durement touchée après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février dernier, qui a déstabilisé les investisseurs mondiaux et les a conduits à retirer des milliards de dollars du pays d'Afrique du Nord.
La guerre a fait exploser les prix du blé, affectant lourdement l'Égypte, l'un des plus grands importateurs de céréales au monde, et mettant sous pression ses réserves de devises étrangères.
L'inflation officielle a atteint 21,9 % en décembre et les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 37,9 % en glissement annuel, ce qui a aggravé la situation des ménages.
"Même la nourriture la moins chère a doublé et triplé. Qu'est-ce qu'on est censés manger ?", demande Shaimaa al-Abed, qui a un fils de quatre ans, en retenant ses larmes.
Elle a dit qu'elle cherchait du travail, ajoutant : "Nous nous en sortions bien, mais maintenant nous sommes dans le caniveau".
Volatilité des prix
Le FMI a approuvé à la fin de l'année dernière un programme de prêt de 3 milliards de dollars pour l'Égypte, conditionné à "un passage permanent à un régime de taux de change flexible" et à une "politique monétaire visant à réduire progressivement l'inflation".
L'Égypte doit également mener "des réformes structurelles de grande ampleur pour réduire l'empreinte de l'État", avait alors déclaré le FMI, l'économie étant dominée par de puissantes entreprises publiques et militaires.
Le hashtag TheDollar était en vogue sur Twitter en arabe mercredi, avec des commentaires allant de la colère à la peur.
Ashraf Kamal, qui tient un petit magasin de matériaux de construction dans le centre du Caire, a exprimé sa frustration face aux fluctuations des prix.
"Avant, je savais combien mes produits allaient coûter pour les huit prochains mois. Mais maintenant, nous vendons à un prix le matin, un autre l'après-midi, et un troisième le soir", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le programme de prêt du FMI, d'un montant de 3 milliards de dollars sur 46 mois, ne représente qu'une fraction du service de la dette du Caire, qui s'élève à 42 milliards de dollars pour la seule période 2022-2023.
L'Égypte ne dispose que de 34 milliards de dollars de réserves en devises étrangères, contre 41 milliards en février dernier, alors que sa dette extérieure a plus que triplé au cours de la dernière décennie pour atteindre 157 milliards de dollars.
De nombreuses banques ont limité les retraits de devises étrangères et augmenté les frais de carte de crédit.
Timothy Kaldas, chargé de mission à l'Institut Tahrir pour la politique du Moyen-Orient, a prévenu que la douleur économique pourrait être plus grande encore.
"L'inflation constatée au cours de l'année écoulée persistera pendant au moins une autre année, à mesure que ces chocs sur la monnaie seront absorbés" , a-t-il déclaré sur Twitter.
Lundi, le Premier ministre Mostafa Madbouli a demandé aux ministres de réduire les budgets et a annoncé un moratoire "sur les nouveaux projets qui ont une composante claire en dollars".
Ces dernières années, l'Égypte a été dépendante des renflouements, tant du FMI que des alliés du Golfe.
Selon l'agence de notation Moody's, l'Égypte, qui compte 104 millions d'habitants, est l'une des cinq économies les plus exposées au risque de défaut de paiement de sa dette extérieure.