Mali : pas de sanctions de la CEDEAO, la médiation du Togo privilégiée

Des soldats ivoiriens, le 17 mars 2021   -  
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Le président en exercice des Etats ouest-africains (CEDEAO) a assuré mercredi qu'il n'y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l'immédiat malgré leur ultimatum, pour laisser la médiation togolaise travailler à la libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali depuis juillet.

Ces 46 militaires ivoiriens , soupçonnés par Bamako d'être "des mercenaires" , ont été condamnés le 30 décembre à 20 ans de réclusion criminelle , avant l'expiration de l'ultimatum fixé au 1er janvier par les chefs d'Etat ouest-africains à la junte malienne pour les libérer.

Ils ont été déclarés coupables d' "attentat et complot contre le gouvernement" , "atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" , "détention, port et transport d'armes et de munitions de guerre (...) ayant pour but de troubler l'ordre public par l'intimidation ou la terreur" , à l'issue d'un procès de deux jours à Bamako.

Umaro Sissoco Embalo , président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et chef de l'Etat bissau-guinéen, a déclaré mercredi qu' "il n'y aura pas de sanctions contre le Mali dans l'immédiat" , lors d'une rencontre avec la presse à Bissau.  "Nous avons accordé un temps pour (permettre) à la médiation togolaise de faire son travail, afin de résoudre le problème. C’est juste une question de bon sens" , a-t-il ajouté.

Le président togolais Faure Gnassingbé était pendant ce temps en visite à Bamako. "Il a plaidé la grâce présidentielle" , a assuré à l'AFP un responsable de la présidence malienne.  Une source proche de la présidence ivoirienne a affirmé à l'AFP qu'il était attendu à Abidjan après sa visite au Mali .

Aucune communication officielle sur le contenu des discussions des deux chefs d'Etat n'avait été diffusée mercredi en fin d'après-midi, la présidence togolaise déclarant dans un communiqué que "la coopération entre le Togo et le Mali, ainsi que des sujets régionaux d’intérêt commun" allaient être au cœur de l’entretien en tête-à-tête entre les deux dirigeants.

Dans son discours du Nouvel an, le président ivoirien Alassane Ouattara a promis que les soldats incarcérés "regagneront bientôt le sol ivoirien" .

"Il faut faire confiance au chef de l'Etat" , a déclaré mercredi Amadou Coulibaly , porte-parole du gouvernement ivoirien, à l'issue du Conseil des ministres. "La Côte d'Ivoire a choisi une voie, celle de la négociation, c'est la voie diplomatique, nous restons résolument engagés dans cette voie-là" , a-t-il ajouté.

Sur les condamnations des soldats ivoiriens, il a déclaré : "Nous ne commentons jamais les décisions de justice prises en Côte d'Ivoire, il n’y a pas de raison que nous commentions les décisions de justice prises à l'étranger" .

Depuis le 10 juillet, la Côte d'Ivoire exige la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu'ils aient été des "mercenaires" , affirmant qu'ils étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA).

Le 22 décembre, une visite à Bamako d'une délégation officielle ivoirienne en présence du ministre des Affaires étrangères togolais s'est déroulée dans un esprit "fraternel" . Elle s'est conclue par la signature d'un mémorandum, le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara , frère du chef de l'Etat, soulignant que l'affaire était "en voie de résolution" .

L'accord trouvé entre le Mali et la Côte d'Ivoire laisse ouverte la possibilité d'une grâce présidentielle du chef de la junte militaire malienne, Assimi Goïta , qui n'a pas mentionné les soldats ivoiriens dans son discours de fin d'année samedi.

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