Dans sa Casa Museu de Luanda, Aminata Goubel, alias Mama África, accueille avec chaleur, tous ceux qui veulent découvrir les cultures africaine et angolaise. Une "cause" qui fait la fierté de cette ex-journaliste devenue une personnalité de premier plan en Angola.
Rencontre avec Mama África, ambassadrice culturelle de l'Angola et de l'Afrique
Ancienne actrice et journaliste respectée, Aminata Goubel, plus connue sous le nom de Mama África, est aujourd'hui, l'une des femmes les plus influentes et les plus respectées d'Angola.
Mama África nous accueille dans sa maison, la Casa Museu, en bord de plage, un lieu idyllique dédié à la culture angolaise, mais pas uniquement. On y trouve des masques, des œuvres d'art, des instruments de musique et une ambiance chaleureuse si particulière.
"Je défends une Afrique meilleure, joyeuse"
"Les gens viennent, regardent et se disent : C'est un hôtel, un restaurant, une maison ? Cette femme est folle ?" s'amuse Mama África . "Entrez visiter ! J'absorbe et je transmets la culture tous les jours de ma vie, je ne pourrais pas vivre sans faire cela," dit-elle.
La Casa Museu vit et respire la culture de l'Angola et de l'Afrique. "Je défends une cause et cette cause, c'est l'Afrique, l'africanité," explique-t-elle. "Une Afrique meilleure, joyeuse, où il n'y a pas de guerre, pas de faim, une Afrique où vous voyez la beauté dans les yeux des enfants, les sourires de joie, les yeux des femmes avec leurs vêtements traditionnels, leurs cheveux au naturel," décrit-elle.
"Une femme qui préserve son africanité"
Une cause familiale car elle inclut sa mère, une célèbre cheffe angolaise appelée Mama Kuiba qu'Euronews avait rencontrée lors d'un précédent épisode, et sa fille qui travaille pour une compagnie d'énergie.
"J'ai grandi avec ma mère, ma grand-mère, mon arrière-grand-mère et je baignais dans cette culture où les femmes de ma famille avaient ce pouvoir," explique Mama África. "J'ai grandi en aimant et en voulant être une femme qui préserverait son africanité, son identité angolaise," renchérit-elle.
Une identité angolaise qui est aussi incarnée par sa fille, y compris dans son travail. "Ce que je peux faire, c'est montrer aux jeunes, à ma génération et à la génération suivante," explique Fátiha Marlene Goubel Manuel, sociologue et cheffe d'entreprise, "qu'il est possible d'être africaine, d'avoir l'air d'une Africaine, d'avoir des cheveux africains et de porter des vêtements africains tout en restant jeune, en étant chanteuse ou médecin. On peut faire n'importe quel métier et continuer à ressembler à une Africaine," affirme-t-elle.
Dans sa Casa Museu, Mama África s'emploie à faire en sorte que les visiteurs se sentent chez eux. "Elle a mis en place ce rituel : vous devez jouer des percussions avant d'entrer, enlever vos chaussures," décrit sa fille en riant. "C'est une expérience géniale et je suis vraiment contente de voir la réaction de mes amis quand je les amène ici [à la Casa Museu]," confie-t-elle.
"Elle montre ce qu'est le continent africain au monde"
Après quatre décennies à exercer le métier de journaliste, Mama África travaille toujours à la radio nationale. Nous l'accompagnons alors qu'elle interviewe l'artiste angolais Francisco Van Dunem.
"Pour moi, elle incarne le concept selon lequel un journaliste ne l'est pas uniquement quand il travaille, il l'est tous les jours," estime Luisa Rogerio, journaliste et présidente de "Accréditation Journalistes". "Je la définirais comme quelqu'un qui fait de son quotidien, une manière de défendre, de montrer ce qu'est le continent africain au monde," ajoute-t-elle.
"Elle défend ce qui a trait à notre identité, donc c'est une question d'affirmation et d'identité qu'elle manifeste à travers ses écrits, à travers son travail à la radio et il ne faut pas oublier que l'Angola est un pays où la radio a beaucoup d'influence," fait-elle remarquer.
D'où l'importance de la Casa Museu en tant que lieu de rassemblement pour toutes les générations. "C'est une maison où la spiritualité est très forte, en premier lieu, parce qu'on est près de la mer," assure Mama África. " Les jeunes viennent à la Casa Museu pour consulter, discuter et intégrer un peu de notre expérience et de la maturité de la culture que nous portons en nous avec beaucoup d'amour : ceux qui viennent chez nous jouent du batuque par exemple," raconte-t-elle.
"C'est une éternelle étudiante," renchérit sa fille Fátiha Marlene Goubel Manuel. "Elle aime apprendre, se nourrir de ce qui l'entoure, s'asseoir au pied d'arbre pour que l'arbre lui transmette tout ce qu'il sait," conclut-elle.