Un sommet des dirigeants arabes, le premier en trois ans, s'est ouvert mardi en Algérie sur fond de divisions sur les conflits qui agitent la région, notamment la Syrie et la Libye, et le rapprochement de certains Etats avec Israël.
Algérie : le sommet arabe se penche sur le cas de la Palestine
Il s'agit de la première réunion à ce niveau de la Ligue arabe, qui regroupe 22 pays, depuis celui qui s'était tenu en mars 2019 à Tunis, avant la pandémie de Covid-19.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a souligné en ouvrant le sommet que celui-ci "se tient dans un contexte régional et international marqué par une montée des tensions et des crises, notamment dans le monde arabe qui n'a pas connu dans son histoire moderne une époque aussi difficile".
Depuis le sommet de Tunis, plusieurs membres de la Ligue arabe, qui a historiquement placé le soutien à la cause palestinienne et la condamnation d'Israël en tête de son agenda, ont opéré un rapprochement spectaculaire avec l'Etat hébreu, où les législatives de mardi pourraient ramener Benjamin Netanyahu au pouvoir à la tête d'une coalition avec l'extrême droite.
Les Emirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre d'une série d'accords, dits d'Abraham, négociés par Washington. Bahreïn, le Maroc et le Soudan leur ont emboîté le pas.
Plan de paix arabe
Ce rapprochement est d'autant plus significatif dans le contexte du sommet que son hôte algérien est un farouche soutien des Palestiniens. Alger a parrainé à la mi-octobre un accord de réconciliation entre factions palestiniennes rivales, même si les chances de le voir se concrétiser sur le terrain paraissent faibles.
La coopération sécuritaire nouée par le voisin marocain avec Israël après la normalisation de leurs relations a exacerbé les tensions entre les deux frères ennemis du Maghreb, déjà vives en raison de profonds désaccords sur le Sahara occidental, ayant conduit à la rupture de leurs relations diplomatiques en août 2021, à l'initiative d'Alger.
Sans évoquer explicitement ce rapprochement, M. Tebboune a affirmé que le "plan de paix arabe" de 2002 conditionnant toute normalisation avec Israël à un retrait des territoires arabes occupés depuis 1967, était le seul moyen de "parvenir à une paix juste et globale".
Dénonçant "les crimes" israéliens contre le peuple palestinien, il a appelé à une action diplomatique arabe commune pour organiser "une réunion extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU afin d'admettre la Palestine comme membre à part entière" au sein de l'organisation internationale.
L'Algérie déploie une diplomatie de plus en plus offensive depuis l'arrivée au pouvoir du président Tebboune fin 2019, après des années d'immobilisme sous son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika.
Ingérences
Si le conflit israélo-palestinien et la situation en Syrie, en Libye et au Yémen figurent bel et bien à l'ordre du jour, les participants devront se livrer à de véritables acrobaties diplomatiques dans la formulation de la déclaration finale -- adoptée à l'unanimité -- pour éviter de froisser tel ou tel poids lourd de l'organisation.
Les dirigeants doivent notamment trouver des formules de compromis sur la façon d'évoquer les "ingérences" de la Turquie et de l'Iran dans les affaires arabes. Certains membres exigent qu'Ankara et Téhéran soient cités nommément alors que d'autres s'y opposent.
L'Algérie a placé ce 31e sommet de la Ligue arabe sous le signe du "rassemblement" mais plusieurs pays, notamment du Golfe, n'y sont pas représentés par leurs chefs d'Etat.
Ainsi le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, ne s'est pas rendu à Alger, officiellement en raison d'un problème de santé. Les dirigeants du Maroc, des Emirats et de Bahreïn sont également absents.
L'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani, le président palestinien Mahmoud Abbas et ses homologues tunisien Kais Saied et égyptien Abdel Fattah al-Sissi assistent en revanche au sommet.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a également fait le déplacement en tant qu'invité d'honneur au sommet.
Alors que plusieurs pays de la région pâtissent économiquement de la guerre menée par la Russie en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a adressé une lettre au sommet arabe.
Il affirme dans son message que la Russie est "déterminé à développer sa coopération avec la Ligue arabe (...) dans le but d'accroître la sécurité aux niveaux régional et global".