19 personnes ont été tuées et 21 blessées lundi à Madagascar après que les gendarmes ont ouvert le feu sur des habitants en colère, autour d'une sombre affaire d'enlèvement.
Madagascar : la police ouvre le feu sur des civils, 19 morts
"Les gendarmes (...) ont tiré sur la foule" , a déclaré Jean Brunelle Razafintsiandraofa , député du district d' Ikongo (est), où s'est déroulé l'incident. "Neuf personnes sont mortes sur le coup" , a affirmé Tango Oscar Toky , médecin en chef de l'hôpital local. Et sur 33 blessés reçus dans la matinée, cinq sont décédés à l'hôpital, ajoute-t-il.
Aux alentours de 8h, des tirs ont retenti à Ikongo. Depuis la semaine dernière, la petite ville est sous le choc : un enfant, albinos , a disparu et les autorités suspectent un enlèvement. Sur la grande île de l'océan Indien, les personnes atteintes d'albinisme sont régulièrement la cible de violences . Plus d'une douzaine d' enlèvements , d'attaques et de meurtres ont été signalés au cours des deux dernières années, selon les Nations Unies.
Quatre suspects ont été arrêtés par les gendarmes. Mais les habitants sont décidés à faire justice eux-mêmes. Dans la matinée, ils se sont rendus devant la caserne de gendarmerie et ont demandé qu'on leur remette les quatre suspects, selon Jean Brunelle Razafintsiandraofa .
D'après une source de la gendarmerie à l'AFP, au moins 500 personnes ont débarqué, certaines munies d' "armes blanches" et de "machettes" . "Il y a eu négociations, les villageois ont insisté" , raconte la source.
Les gendarmes ont alors décidé de lancer des fumigènes pour disperser la foule, et tiré quelques coups de feu en l'air.Mais les habitants ont continué à tenter de forcer le passage pour entrer dans la caserne. "On a eu pas eu d’autres choix que de se défendre..." dit la même source.
La police malgache est régulièrement épinglée par la société civile pour des violations des droits humains , qui font rarement l'objet de poursuites.