Dix personnes tuées dans des manifestations contre la Mission de l'ONU qui ont secoué récemment les villes de l'est de la République démocratique du Congo ont été inhumées vendredi à Goma, après une cérémonie d'hommages populaires.
RDC : les 10 morts des manifestations anti-MONUSCO enterrés à Goma
Fin juillet, des manifestants en colère avaient saccagé et pillé des installations de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco), présente dans le pays depuis 1999 et accusée d'inefficacité dans sa lutte contre les groupes armés.
Au total 32 civils et quatre Casques bleus ont été tués en une semaine de manifestations dans au moins quatre villes de l'est, selon un bilan officiel.
A Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, d'où est parti ce soulèvement contre la mission onusienne, une foule s'est rassemblée dans un stade de la ville où étaient exposés dix cercueils des victimes, en présence des autorités provinciales.
Placés sous une grande tente, les cercueils en bois de ces dix hommes, étaient chacun muni de la photo de la victime, devant laquelle était placée une croix avec l'identité du mort. L'inhumation a eu lieu en début d'après-midi dans un cimetière situé dans la périphérie de la ville.
Encadrée par la police, l'assistance entonnait des slogans hostiles aux Casques bleus. Sur des calicots on pouvait lire: "La Monusco tue le peuple congolais".
"On peut tuer un révolutionnaire mais on ne peut jamais tuer la révolution (...) nous allons continuer à nous battre pour mettre cette armée hors du sol de notre pays", a déclaré à l'AFP Josué Wallay, un militant du mouvement Lutte pour le changement (Lucha), à l'origine des manifestations.
Dans la ville, les boutiques et autres commerces étaient fermés, tandis que les militaires de la Garde Républicaine (une unité d'élite de l'armée congolaise) étaient déployés devant les installations de la Monusco.
La Monusco est l'une des plus importantes missions onusiennes déployées dans le monde avec quelque 14.000 militaires dans plusieurs villes de l'est.
Depuis 2019, les mouvements pro-démocratie et quelques élus appellent au départ des Casques bleus.
Mercredi, le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula, a demandé à la Monusco de tout faire pour que son porte-parole, Mathias Gillmann, quitte le territoire congolais dans "le plus bref délai". M. Gillmann était absent de la RDC lorsque cette décision a été annoncée.
Tout en prenant acte de cette décision du gouvernement congolais, la mission de l'ONU a regretté jeudi "l'expulsion de son porte-parole" et s'est engagée "à continuer de travailler aux côtés de la population et des autorités congolaises pour mettre en œuvre le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité", selon un communiqué.