Un tribunal de Dakar sous forte protection policière a repoussé mercredi de quatre mois sa décision hautement sensible contre le maire de Dakar, jugé en appel pour la mort d'un homme tué par balle en 2011 dans un contexte de violence politique.
Sénégal : report d'un jugement à risques contre le maire de Dakar
La cour d'appel a prorogé au 21 septembre son délibéré contre Barthélémy Dias, maire de la capitale sénégalaise depuis février, a annoncé la présidente du tribunal au cours d'une audience publique où M. Dias était absent.
L'arrêt de la cour est très attendu en raison de ses implications politiques. De nombreux policiers et gendarmes avaient pris position dans et autour du palais. Des véhicules anti-émeutes ont été disposés à différents carrefours de la capitale.
M. Dias, farouche opposant au pouvoir, crie au procès politique. Il est devenu maire de Dakar pour le compte d'une coalition nationale conduite par Ousmane Sonko, prétendant déclaré à la présidentielle de 2024. Le monde politique sénégalais spécule sur les éventuelles ambitions présidentielles de M. Dias.
Son procès en appel a été reporté à de multiples reprises ces dernières années avant de se tenir le 2 mars.
Le parquet général y avait requis cinq ans de prison ferme, une peine qui interromprait la carrière de M. Dias.
M. Dias, 46 ans, jugé avec une douzaine d'autres à l'époque, avait été condamné en 2017 à deux ans de prison, dont six mois ferme, pour "coup mortel" porté en 2011 à Ndiaga Diouf, un lutteur décrit par l'opposition comme un nervi du régime.
Ndiaga Diouf avait été abattu par balle lors de l'assaut donné à la mairie de Mermoz Sacré-Coeur, une des communes constituant la capitale et dont M. Dias était alors maire, par de supposés sympathisants du Parti démocratique sénégalais, au pouvoir. Les violences s'étaient produites dans un contexte de contestation grandissante contre une candidature du président sortant Abdoulaye Wade à un troisième mandat en 2012.
Avant M. Dias, deux autres adversaires du président Macky Sall, l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall (sans lien de parenté) et l'ancien ministre Karim Wade, fils d'ex-président, ont vu leur trajectoire interrompue par les ennuis judiciaires. Ousmane Sonko, quant à lui, est depuis 2021 sous le coup d'une enquête pour viols présumés. Tous crient au complot ourdi par le pouvoir. Le pouvoir se défend de toute instrumentalisation de la justice.