Centrafrique : l'enquête sur le meurtre de Camille Lepage "à l'arrêt"

La journaliste française Camille Lepage   -  
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SYLVAIN CHERKAOUI/AP

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé mercredi des investigations "complètement à l’arrêt" sur le meurtre de la jeune journaliste française Camille Lepage en Centrafrique le 12 mai 2014, et demandé aux justices des deux pays de relancer l’enquête.

La photographe de presse de 26 ans a été tuée par balle dans une embuscade alors qu'elle était en reportage avec une milice pour couvrir le pillage d'un village, dans ce pays d'Afrique centrale en guerre civile depuis 2013.

"Ces dernières années, aucun acte d’enquête important n’a été effectué pour identifier les motifs et les auteurs des tirs sur le convoi motorisé à bord duquel se trouvait Camille Lepage", souligne RSF dans un communiqué.

"Les témoins n’ont pas tous été interrogés, certaines pistes n’ont pas été explorées, aucune reconstitution des faits n’a été effectuée et le dossier d’instruction est même resté introuvable pendant plusieurs mois" en Centrafrique, a rappelé l'ONG.

En France, une cinquième juge d’instruction vient d’être saisie du dossier, tandis qu’en Centrafrique le procès a été renvoyé pour complément d’instruction, détaille RSF.

"Les difficultés liées au contexte sécuritaire ou sanitaire ne peuvent pas justifier l’absence totale d’implication des autorités judiciaires françaises et centrafricaines ces dernières années pour identifier les auteurs de cette embuscade meurtrière et leur mobile", écrit le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger.

En 2013, une rébellion menée par une alliance de groupes armés appelée Séléka, à majorité musulmane, a renversé le président François Bozizé. Ce dernier, ainsi que des caciques de son régime, ont ensuite créé ou fédéré des milices dites anti-balaka, dominées elles par des chrétiens et des animistes. Une guerre civile extrêmement meurtrière a opposé les deux coalitions avant de baisser d'intensité à partir de 2018, et dont les civils ont été et sont toujours les principales victimes.

L'ONU a accusé les deux camps de crimes de guerre et contre l'humanité en 2014 et 2015.

Plusieurs thèses concernant le mobile de l’attaque dont Camille Lepage a été victime ont été évoquées, dont celle d’une embuscade visant le convoi d'anti-balaka dans lequel elle se trouvait. La piste d’un règlement de compte au sein de ce groupe armé a été trop vite écarté, selon Vincent Fillola, l’avocat de la famille Lepage, qui déplore que la justice française n’ait déployé "ni les moyens ni la volonté nécessaire" pour que l’enquête avance, selon le communiqué.

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