A tout juste 25 ans, Ninho s'est imposé comme un pilier du rap français. Une ascension vertigineuse pour le Franco-congolais, qui cultive le mystère, mais est bien décidé à rester le leader incontesté de cette scène, comme il le raconte dans son nouvel opus.
Ninho, la météorite du rap
"Jefe" ("chef" en espagnol, ndlr), son troisième album qui sort le 3 décembre, est une invitation à un voyage. Un voyage pour tenter de percer la "success story" de cette météorite du rap, totalement inconnue il y a cinq ans.
"On ne connaît pas la vie d'un gars qui arrive en haut, qui arrive à concrétiser son plan. On ne connaît pas le début, la base, les fondations. On regarde souvent la maison mais jamais les fondations", dit-il.
Les fondations, ce sont ces années de galère avant de percer ou sa vie en cité HLM en grande couronne parisienne, qu'il raconte dans des titres comme "RER D" ou "Vérité" et où il loue "le charme du ghetto".
Pas seulement l'histoire d'un transfuge, "Jefe" est aussi un manifeste. Celui d'un jeune homme qui a commencé le rap à 12 ans "par passion" et qui est aujourd'hui l'une des ses plus grosses têtes d'affiche.
Discret et mystérieux
Pour autant, "N.I" assure tenter de "garder la tête froide et la tête sur les épaules". "La célébrité tout ça, c'est pas important. Pour moi, le plus important c'est de continuer de créer".
Créer et se tenir à l'écart des "clash", si courants dans le monde du rap. Avec son visage poupin, sa voix claire, et sa timidité qu'il peine à dissimuler, le rappeur, très discret dans les médias, n'a eu de cesse de cultiver le mystère.
Sur la forme, "Jefe" reprend les codes des ses précédents opus: savant mélange entre des titres rocailleux et purement rappés et d'autres plus dansants et chantés, comme "Aicha", clin d’œil à la chanson de Khaled , chanteur de raï algérien.
Rumba, tonalités proches du raï ou de la pop ... Ces mélanges, alors peu présents dans le rap il y a quelques années, lui ont permis de s'imposer sur une scène hyper concurrentielle. Et de rafler au passage un public féminin, jusque là délaissé par ce milieu.
Né à Longjumeau (Essonne, sud de Paris) de parents originaires du Congo Kinshasa, William Nzobazola , de son vrai nom, a la musique dans les veines : son père Serge Kiambukuta est un chanteur de rumba congolaise.
2 milliards de vues
Mais voila, William, lui, ne s'intéresse qu'au rap, qu'il pratique à l'insu de ses parents. Progressivement, William va laisser place à Ninho , surnom que "les grands de la cité donnaient aux petits, les "niños" (enfants), explique-t-il.
En 2014 sort sa première mixtape : "Ils sont pas au courant", référence à peine voilée à ses parents. Mais les premières années sont difficiles et le succès se fait attendre. "C'était compliqué au début mais formateur parce que j'ai appris à travailler vite, écrire vite, enregistrer et mixer vite", dit-il.
Le succès arrive en 2016 avec sa mixtape "M.I.L.S" ("Maintenant ils le savent", ndlr). Un an plus tard, son premier album "Comme prévu", fait de lui une star du rap.
L'année 2018 est une année faste. Il enchaîne les collaborations avec des poids lourds du rap tels que Rim'K ou SCH . Tous s'arrachent le "bambino", promis à un avenir éclatant.
Prolifique, il sort en 2019 "Destin", qui fait de lui l'artiste français le plus écouté sur les plateformes de streaming devant le Marseillais Jul ou les deux frères de PNL . En juillet dernier, sa chaîne Youtube dépasse la barre des deux milliards de vue.
"Jefe" pourra-t-il faire mieux que "Destin" ? "On verra", répond l'artiste. "Si ça marche tant mieux, si ça marche pas, tant pis, on proposera un autre projet". En attendant la réponse des charts, une tournée dans toute la France est déja prévue pour 2022. Le "niño" du rap a bien grandi.