La Somalie a commencé lundi à élire les représentants de la chambre basse du Parlement, nouvelle étape d'un processus longtemps retardé qui doit déboucher sur la désignation d'un nouveau président dans ce pays troublé de la Corne de l'Afrique.
Somalie : nouveau cycle électoral après de multiples retards
Les deux premiers parlementaires de la prochaine chambre basse fédérale, composée de 275 membres, ont été élus lors d'un scrutin qui s'est tenu sous haute sécurité dans la capitale, Mogadiscio.
"Je suis ravi qu'aujourd'hui nous ayons officiellement commencé l'élection de la chambre basse somalienne", a déclaré le Premier ministre Mohamed Hussein Roble à la fin du vote.
Selon le complexe système électoral indirect somalien, près de 30.000 délégués de clans sont chargés de choisir les 275 députés de la chambre basse, tandis que les cinq assemblées législatives des Etats de Somalie élisent les sénateurs de la chambre haute, qui compte 54 membres.
Les élus des deux chambres voteront ensuite pour le prochain président.
Le processus électoral a été retardé de plus d'un an par des tensions récurrentes au plus haut niveau de l'Etat.
Président depuis 2017, Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, a vu son mandat expirer le 8 février sans avoir pu s'entendre avec les dirigeants régionaux sur l'organisation d'élections, déclenchant une grave crise constitutionnelle.
L'annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio.
Dans un geste d'apaisement, Farmajo avait chargé M. Roble, son Premier ministre depuis 2020, d'organiser les élections.
Mais dans les mois qui ont suivi, les deux hommes se sont livrés à une dangereuse escalade, à travers des nominations à des postes sécuritaires clés.
Leur bras de fer a culminé avec l'annonce par le chef de l'Etat le 16 septembre qu'il suspendait les pouvoirs exécutifs du Premier ministre, décision rejetée par ce dernier.
Farmajo et Roble ont finalement accepté d'enterrer la hache de guerre fin octobre, lançant un appel commun à accélérer le processus électoral.
Les votes pour la chambre haute du Parlement sont terminés dans tous les États, à l'exception de Galmudug.
"Je demande aux Etats membres de la Somalie de commencer les élections pour la chambre basse dès que possible, et j'espère que le processus se terminera de manière pacifique", a déclaré M. Roble.
Le derniers suffrage direct en Somalie remonte à 1969, année où le dictateur Siad Barre est arrivé au pouvoir par un coup d'État, avant de s'y maintenir pendant deux décennies.
De nombreux observateurs estiment que cette crise au sommet de l'Etat et l'impasse électorale détournent l'attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l'insurrection shebab qui secoue le pays depuis 2007.
Bien qu'évincés de Mogadiscio par la force de l'Union africaine (Amisom) en 2011, les shebab contrôlent de vastes zones rurales et mènent régulièrement des attentats dans la capitale.