C’est l’accomplissement d’une transition engagée depuis deux décennies. Cléopatra Kambugu, 35 ans, est désormais une Ougandaise à part entière. L’Ouganda vient de délivrer des documents d’Etat civil portant la mention F à cette femme transgenre. Fait inédit dans ce pays.
Ouganda : vers une reconnaissance des transgenres ?
Mais le chemin vers cette reconnaissance pour cette militante des droits LGBTQ, née dans la peau d’un homme, n’a pas été un fleuve tranquille. Entre les critiques de la communauté et les difficultés pour trouver des médicaments à même de soutenir sa transition vers le genre de ses rêves, il a fallu livrer bataille. Après sa reconnaissance officielle entend que femme, l’activiste a le triomphe modeste.
" Ce n'est même pas un triomphe contre le gouvernement, c'est un triomphe pour le gouvernement. Je pense qu'il est étonnant que l'Ouganda réfléchisse à la question du genre de cette manière, de façon aussi large. Je pense qu'il est important que nos politiques s'alignent sur la réalité du monde, à savoir qu'il y a des gens qui naissent avec un genre auquel ils s'identifient et qui est le même que celui qui figure sur leur carte d'identité, celui qui leur a été attribué à la naissance. Mais il peut y avoir des personnes dont le sexe qui leur a été attribué à la naissance n'est pas le même que celui auquel elles s'identifient. Et donc, comment compter ces personnes, comment reconnaître ces personnes ? ", s’interroge Cléopatra Kambugu , militante et activiste des droits humains.
L’Ouganda est présenté comme un pays très conservateur, avec une législation jugée drastique vis-à-vis de la communauté LGBTQ comme dans la plupart des pays du continent. Pour la militante des droits des humains, son histoire ne concerne pas les droits de cette communauté. Car elle s'identifie comme une femme hétérosexuelle.
" Si vous êtes une personne transgenre comme moi, c'est-à-dire une femme transgenre qui s'identifie comme une femme, mais qui ne correspond pas à son identité, c'est encore plus difficile. Alors comment pouvons-nous nous assurer que nous avons un accès égal pour tous les genres indépendamment... Et pour tous les gens dans ce pays indépendamment de leur identité, de leur tribu, de leur religion, de leur âge ? C'est la raison pour laquelle je pense que la Commission pour l'égalité des chances a été créée dans ce pays, et c'est donc une question de politique, ce n'est pas une question religieuse et cela devrait être traité ainsi .", explique l’activiste transgenre.
Les relations sexuelles entre personnes de même sexe en Ouganda sont passibles de la prison à vie depuis l’adoption d’une loi dans ce pays en 2014. Le texte criminalise aussi la promotion de cette pratique et rend obligatoire sa dénonciation. Pour beaucoup, le cas de Cléopâtre marque peut-être le début d’une nouvelle ère.