Tunisie : au moins 6 000 manifestants "contre le coup d'Etat" de Kais Saied

Des manifestants contre le président Saied, à Tunis   -  
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"Le peuple contre le coup d'Etat" : au moins 6.000 personnes sont descendues dans la rue dimanche à Tunis, pour la plus importante manifestation contre le président Kais Saied depuis qu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet.

Ce rassemblement survient une semaine après une démonstration de force en faveur du président avec plus de 10.000 de ses partisans rassemblés dans toute la Tunisie, selon des sources policières.

Malgré un filtrage et beaucoup de contrôles, plus de 5.000 personnes ont convergé vers l'avenue Bourguiba, à l'appel de différentes formations opposées au président dont le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, a constaté une journaliste de l'AFP.

Selon une source policière, elles étaient entre 6.000 et 8.000 au plus fort de la manifestation.

"Je suis venu en tant que démocrate et partisan de Moncef Marzouki", l'ex-président tunisien (2011-2014) qui réside à Paris, a confié à l'AFP un quinquagénaire, en achetant un petit drapeau à un vendeur.

Le gros des protestataires s'étaient massés devant le théâtre municipal. Toute une portion de l'avenue Bourguiba était néanmoins interdite aux manifestants et des checkpoints ont été mis en place aux extrémités avec contrôle des sacs et filtrage des manifestants.

Certains se sont plaints à l'AFP de manoeuvres d'intimidation des policiers pour les empêcher d'avancer.

Une voix dans la foule a protesté à l'adresse des contrôles policiers: "le rassemblement est bloqué", "honte à vous".

"Je ne suis pas votre ennemi, je suis ici par amour de la Tunisie", a dit un manifestant, drapeau national dans la main, à l'adresse d'un agent de police qui lui interdisait de rejoindre la foule.

Un cordon policier avait été mis en place au milieu de l'avenue Bourguiba pour empêcher tout accès vers le ministère de l'Intérieur à l'extrémité de l'avenue.

"Nous sommes une génération qui a connu la torture et qui n'a pas eu une vie facile! C'est nous qui avons élu Saied et ça sera nous qui le ferons chasser du pouvoir", a lancé un sexagénaire à l'AFP.

- "Ce n'est pas l'Egypte" -

"Le peuple contre le coup d'Etat" ou "Elève la voix, la Révolution ne meurt pas", ont crié les manifestants, dont beaucoup d'hommes et femmes, qui se sont identifiés comme sympathisants d'Ennahdha, la bête noire du président Saied.

D'autres ont lancé des slogans hostiles au régime égyptien: "Ici c'est la Tunisie et ce n'est pas l'Egypte", "Sissi (le président égyptien) est l'ennemi de Dieu", ont-ils scandé.

Des Tunisiens considèrent le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi comme un "dictateur" qui "réprime" les libertés. Des ONG internationales font état de plus de 60.000 détenus d'opinion en Egypte, pays régulièrement épinglé sur la question des libertés.

"Un peuple qui a connu le goût de la liberté ne cèdera jamais ni à Saied, ni au diable même", a lancé un manifestant d'une quarantaine d'années, la manche de sa chemise déchirée, après avoir été bousculé de façon musclée par un policier, a constaté la journaliste de l'AFP.

En pleine crise socio-économique et sanitaire et après des mois de blocage politique, M. Saied a invoqué le 25 juillet un "péril imminent" pour limoger le Premier ministre, suspendre les activités du Parlement et reprendre en main le pouvoir judiciaire.

Après deux mois d'incertitudes, le 22 septembre, il a promulgué un décret qui officialise la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution et instaure des "mesures exceptionnelles", censées être provisoires, le temps de mener des "réformes politiques", dont des amendements à la Constitution de 2014.

En attendant, le président a maintenu le gel du Parlement - et les salaires des députés - légifère lui-même par décrets et préside le conseil des ministres.

Le 29 septembre, il a nommé la scientifique Najla Bouden comme Premier ministre et la formation d'un nouveau gouvernement est attendue d'un jour à l'autre.

Après le coup de force du président, des organisations tunisiennes et internationales ont critiqué un "accaparement du pouvoir" et dit craindre pour les droits et libertés publiques.

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