Droits des femmes : la parole se libère en Côte d'Ivoire

Une militante féministe tient une pancarte indiquant « ma tenue n'est pas une invitation » lors d'une manifestation contre la chaîne de télévision NCI   -  
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SIA KAMBOU/AFP

En Côte d’Ivoire, le combat pour les droits des femmes gagne du terrain. Depuis plusieurs semaines, les témoignages de femmes victimes d’agressions ou de viols se multiplient.

"Il y a beaucoup de victimes qui viennent vers nous pour porter plainte", constate Méganne Boho, présidente de la Ligue ivoirienne des droits des femmes. Pour la jeune femme de 27 ans, un réel changement est en train de s’opérer dans la société ivoirienne.

"Il y a aussi pleins de pères qui osent dénoncer le viol de leur petite fille. Des femmes qui osent dire : "j’ai envie de partir au procès". Ca montre que le travail qui est fait est reconnu, que le travail qui est fait a du poids".

"Cette scène a ouvert des plaies qu’elles pensaient avoir oubliées."

Un réveil des consciences accéléré par le scandale d’une émission diffusée sur la Nouvelle chaîne ivoirienne (NCI) . Un talk-show dans lequel le présentateur encourage son invité, un ancien condamné pour viol, à reconstituer une agression sur une poupée gonflable.

Une scène qui est très vite devenue insupportable pour beaucoup d’Ivoiriennes. « Le jour du scandale, notre messagerie était bondée témoignages de femmes qui ont dit que cette scène a ouvert des plaies qu’elles pensaient avoir oubliées », rapporte Méganne Boho.

12 mois de prison avec sursis pour "apologie du viol"

Trois jours après "L'Affaire", comme l'ont depuis appelé les médias ivoiriens, la Ligue se mobilise et récolte 40 000 signatures dans une pétition. Le procureur se saisit du dossier et le présentateur est finalement condamné à 12 mois de prison avec sursis pour "apologie du viol" et "atteinte à la pudeur".

En mars dernier, les militantes de la Ligue avaient déjà permis d'amener devant la justice un ancien footballer ivoirien. La preuve pour Méganne Boho, que "la justice n'a pas de classe de sociale". "On n’a plus peur de s’attaquer à de grandes figures."

"Je pense que maintenant on n’a plus peur de s’attaquer à de grandes figures. Peu importe qui on est, qu'on soit une simple commerçante, un cireur de chaussure, quand on a été victime de quelque chose, il faut que la justice soit de notre côté".

Au delà des victimes d'agression et de violences, la place des femmes aussi évoluent en Côte d'Ivoire : " il y a un déclic qui est en train de se faire mais on a une société assez conservatrice. Ce sont des petits pas et il ne faut pas les minimiser".

Le mouvement de libération de la parole a déjà dépassé les frontières du pays : des Ligues de défenses des femmes sont apparues ces derniers mois au Bénin, au Tchad et au Mali.  

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