En Guinée, les jeunes garçons rêvent d’une grande aventure, celle qui leur donnera le sentiment d’être un héros et qui fera d'eux un homme dont toute la famille sera fière. Cette aventure, ou "tounkan" dans la langue locale malinké, est une route de migration illégale vers l'Europe.
De héros à paria : le triste sort des migrants qui rentrent en Guinée les mains vides
De jeunes garçons quittent la maison de leurs parents et se retrouvent seuls. Ils surmontent de nombreuses épreuves, et même la mort, pour avoir une vie meilleure en Europe. C'est le moyen ultime pour un garçon de devenir un homme. Lorsqu'ils réussissent le voyage, ces garçons deviennent des héros ou "tounkan namo" pour leur famille.
C'est une aventure coûteuse qu'il faut réussir coûte que coûte. Mais que se passe-t-il s'ils n'accomplissent pas le dangereux parcours et sont obligés de rentrer chez eux les mains vides ?
Cet épisode de Dans La Tête Des Hommes raconte l'histoire de Mamadou. Il a été contraint de rentrer chez lui après son "tounkan" et a dû faire face à la colère de sa famille et de ses amis.
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TOUNKAN NAMO EN GUINEE : LE HEROS
Kadiatou : Même moi, je souhaite que mon enfant parte en Europe, parce qu'ici il y a beaucoup de misère et pas de travail.
Oumou : N’importe quelle maman souhaite que son fils voyage. Le garçon est un homme, donc le pilier de la famille. C'est lui qui soutient le papa, la maman et les frères et sœurs. Que le garçon voyage, c'est ce qui peut assurer le bonheur.
Arwa Barkallah : Nous sommes à Conakry, en Guinée et nos amis parlent de ce qu’ils appellent “la grande aventure” ou le “toukan” en malinké, une des langues locales.
La Guinée est un pays riche de sa culture et de son histoire nomade. “Tounkan” est bien plus qu’un mot, c’est un héritage ; une façon pour les jeunes hommes d’apprivoiser la vie qui les attend.
Se lancer dans la grande aventure signifie quitter le foyer familial pour se retrouver seul avec soi-même et surpasser de nombreuses épreuves ; défier la mort pour peut-être un jour rejoindre l’Europe.
Le but ? Franchir l’ultime étape pour devenir un homme, le rituel de passage à l’âge adulte et devenir un “tounkan namo”, le héros de la famille, le fils prodigue.
Dans le pays, dès l'âge de 12 ans, certains garçons quittent leur foyer pour s’aventurer sur un chemin illégal afin de rejoindre l’Europe, souvent via la Méditerranée, avec le soutien de leurs proches, de leur famille et de leur communauté.
Mais qu’arrive-t-il lorsque ce projet de voyage avorte ? Que se passe-t-il pour ceux qui affrontent le sévère jugement des autres et les regards déçus d’une communauté toute entière ?
Dans ce nouvel épisode, l’équipe de Dans la Tête des Hommes, vous emmène en Afrique de l’Ouest, en Guinée-Conakry, afin d’explorer la question du succès qui pèse sur les épaules des jeunes Guinéens dans leur projet d’émigration. Une quête qu’ils mènent souvent au péril de leur vie.
Dans la Tête des Hommes est un podcast qui interroge les masculinités sur le continent africain à la rencontre d’hommes à l'origine de bien des solutions.
La Guinée est un pays pittoresque d’Afrique de l’Ouest au climat tropical. Il compte 12 millions d’habitants. La Région de la Guinée forestière offre une profusion de bananes, de manioc, de mangues et de riz de grande qualité. La Guinée est un pays riche en minerais. Il est le deuxième exportateur de bauxite après la Russie.
Le pays obtient son indépendance de la France en 1958. Il n’a pas été impliqué dans des opérations internationales. Cela fait une dizaine d'années que la Guinée n’a pas connu de guerre civile. La dernière date de 2008. Mais avec un salaire mensuel moyen de 40 euros, il s’agit de l’un des pays les plus pauvres du monde.
Les hommes sont encouragés à se lancer dans “l'aventure", tel un rite de passage à l'âge adulte.
Chaque année, des dizaines de milliers de Guinéens tentent leur chance à l’émigration. La plupart d'entre eux sont des garçons, de jeunes hommes célibataires.
Sur ce chemin tracé entre l’Afrique et l'Europe, des centaines y laissent leur vie. S’ils survivent à la faim et à la soif, beaucoup se retrouvent dans des camps en Libye ou sont emprisonnés au Maroc. D’autres courses se terminent dans la mer Méditerranée. Depuis le début de l'année, plus de deux cents migrants s’y sont noyés.
Mamadou : Ce que j'ai vu là-bas, ce que j'ai vécu là-bas, je ne le souhaite même pas à mon pire ennemi. Je ne voudrais pas qu'il se mette en tête de repartir là-bas.
J'ai vécu plein de choses là-bas, la famine, la ségrégation, la trahison, le travail forcé.
Arwa Barkallah : Il se nomme Mamadou Alpha mais préfère qu’on l'appelle Alpha. Il a 21 ans. Lorsque nous nous asseyons près de lui pour discuter, il nous offre une petite poche d’eau minérale, en plastique. Le café n'est pas très populaire ici et la plupart des gens n’ont que de l’eau, parfois du jus de gingembre. Alpha semble être une personne avenante, et même si son histoire est difficile, il a hâte de nous la raconter.
Mamadou a quitté le foyer familial à l'âge de 19 ans. Il est parti avec 1 100 euros en poche, les économies de sa famille. Il a rejoint le Maroc dans l’espoir de traverser la Méditerranée pour atteindre l’Europe.
Depuis son enfance à Conakry, “l’aventure”, comme ils l'appellent, c’était tout ce dont Alpha et ses amis rêvaient. Et ceux qui ont réussi le voyage l'inspirent encore aujourd'hui :
Mamadou : Nous avons des amis qui sont là-bas, qui ne sont pas allés à l'école, même un jour. Mais aujourd'hui, ça va. J'ai plein d'amis là-bas. Il y a peu, mon ami a même financé le mariage de sa sœur qui vit en France actuellement, à Lyon.
Arwa Barkallah : Les taquineries, les rivalités entre amis, nourrissent une forme de compétition qui motive ces jeunes hommes. Dans leurs jeunes esprits, l’objectif de l’aventure est d’obtenir ce statut de “tounkan namo”. Ester Botta Somparé est une anthropologue italienne. Elle vit à Conakry et explique cet état d’esprit.
Ester Botta Somparé : C'est un discours qui tend à présenter d'une manière très positive quelque chose qui constitue néanmoins un risque pour la vie humaine. Il est impressionnant d'entendre les mêmes mots qui reviennent chaque fois et qui cherchent à valoriser cette idée de partir, de présenter ce “voyage” comme un acte de bravoure, d'héroïsme.
Je parlais avec une maman dont le fils est parti clandestinement. Elle me disait qu’elle ne savait pas que son fils voulait partir. Il ne le lui avait jamais dit. Il est parti secrètement, mais il me montrait les photos de ses amis sur les réseaux sociaux. Il lui disait : “Regarde maman, les vrais héros en ce moment se trouvent en Italie, en Espagne, en Europe. Ce sont eux qui ont eu le courage de faire cette traversée”.
Donc, il y a cette glorification qui évoque des contes et des récits initiatiques.
Arwa Barkallah : Mamadou vit dans un modeste deux pièces avec sa mère, son grand frère et une jeune fille qui porte le même nom que sa mère. En Guinée, lorsqu’une personne porte le même nom que vous, vous devez veiller sur elle, comme un parrain ou une marraine. Ici, il est très fréquent qu’une famille accueille un enfant qui n’est pas issu de la même lignée. Cela n’en reste pas moins un foyer.
Mamadou : Il faut qu'on parte. Ici, on ne peut pas voir la famille souffrir. Nous avons souffert depuis l'enfance. Nous sommes censés avoir des enfants dans le futur. Donc il ne faut pas que ceux-ci viennent prouver que nous sommes dans la même situation que celle que nous subissons depuis notre naissance.
Arwa Barkallah : Quand le père de famille décède, différentes options se présentent à sa veuve. L’une de ces options consiste à épouser un membre de la famille du défunt afin de maintenir le patrimoine au sein de la famille. Il s’agit aussi de ne pas séparer cette dernière car il arrive que le nouveau mari ne souhaite pas accueillir les enfants d’une précédente noce.
Fatoumata a épousé l’oncle de Mamadou. Ce dernier pense que son oncle ne prend pas bien soin de sa mère et aider Fatoumata est une des raisons qui l’ont poussé à partir.
Mamadou : Je sais que je vais faire beaucoup pour maman, puisqu’elle, elle fait beaucoup pour moi. Vous savez, en Afrique, quand on vient au monde et qu’on nous considère comme un homme, de très nombreuses charges pèsent sur vos épaules.
Arwa Barkallah : L’injonction au succès, la pression pour faire bouillir la marmite arrive dès lors que les garçons sont en capacité de le faire. On les presse pour qu’ils se lancent eux aussi dans l’aventure. Il n’y a pas qu’en Guinée où cette pression sociale s’exerce sur les hommes. Le succès est la seule issue pour avoir la paix.
Ester Botta Somparé : D'une certaine manière, la réussite de l'homme se mesure par rapport à son succès dans une activité professionnelle. Elle se mesure en termes de pouvoir et éventuellement d’acquisition d'une certaine richesse.
Le fait de prendre en charge sa femme et ses enfants aussi, sa famille nucléaire, peut être aussi quelque chose d'assez universel, même si dans les sociétés européennes ou/et nord-américaines les femmes sont de plus en plus impliquées dans la vie active, au même titre que leur mari.
La spécificité culturelle réside vraiment plus dans cet accent qui est mis sur la famille, sur les obligations, sur la dette vis-à-vis des parents. La réussite est synonyme de levier destiné à réellement améliorer les conditions de vie de la famille et à rembourser cette dette que les enfants ont accumulée auprès de leurs parents le temps que ces derniers les élèvent, les éduquent et les nourrissent.
Arwa Barkallah : Le succès est une condition sine qua none, quand on part à l'aventure. Mais que se passe-t-il lorsqu’on fait face à l'échec. Après s'être pourtant préparé mentalement, la tentative de Mamadou a été un échec. Mais rebrousser chemin a été encore plus difficile pour lui.
Mamadou : Quand je suis revenu, il y avait beaucoup de regards sur moi. Certains parlaient et disaient que je ne faisais que me fatiguer, me tromper moi-même. La plupart des gens me disaient qu'ils savaient que je n'y arriverais pas. On m’a traité d'incapable, de faible, mais je ne répondais à personne. Je laisse passer. Moi, je sais que je suis fort.
Arwa Barkallah : Les autorités marocaines qui pourchassent les migrants ont fini par l’arrêter et le renvoyer au pays. L’expérience a été traumatisante pour Mamadou.
Mamadou : Je ne m'attendais pas à me retrouver à nouveau en Guinée et surtout pas les poches vides. Ça m'a même fait extrêmement mal. Je me disais que malgré les difficultés rencontrées au Maroc, j'aurais préféré rester là-bas.
Arwa Barkallah : Nous avons parlé à un des proches de Mamadou. Il a accepté de témoigner sous couvert d’anonymat.
Anonyme : Quand tu es un homme et que tu as un objectif, soit tu l'atteins, soit tu meurs. Mais lui, il a eu peur de la mort et il est rentré, étant donné qu’ils avaient dépensé beaucoup d’argent. Moi à sa place, je ne me serais pas retourné. Je préfère aller mourir là-bas que de revenir ici.
Arwa Barkallah : La honte d’avoir échoué est un sentiment que personne ne souhaite ressentir un jour. Des villages entiers se mobilisent pour collecter assez d’argent pour le départ. Si un jeune revient, cela est vu comme une gabegie, du gâchis, une dette dont il ne pourra jamais s'acquitter. Aux yeux de la communauté, jusqu'à preuve du contraire, ceux qui ont échoué sont considérés comme des sous-hommes.
Anonyme : Je considère qu’il est comme une femme car ce sont elles qui font des allers-retours. Un homme à un objectif ; soit il l'atteint, soit il ne l'atteint pas. Toute la famille compte sur toi. Si tu pars et que tu reviens, tu n'as pas atteint ton objectif alors que la famille compte sur toi. Tu es l'homme de la famille.
Arwa Barkallah : Beaucoup de gens à Conakry partagent la même opinion concernant Mamadou. Cette stigmatisation sociale est la raison pour laquelle de nombreux migrants n’osent pas revenir au pays. Et s'ils le font, beaucoup d'entre eux se cachent. Certains continuent même à envoyer de l'argent chez eux, comme s'ils travaillaient à l'étranger, alors qu'ils habitent au coin de la rue.
La “stigma du rapatrié” suit à la fois les hommes et les femmes qui rentrent chez eux après l'aventure. Les hommes qui reviennent sont traités comme des faibles et les femmes sont maudites.
Chez les femmes, la stigmatisation est liée à ce qu'elles doivent vivre lors de leur voyage à l'étranger. Elles subissent souvent des abus sexuels et des viols. Parfois, elles n'ont d'autre choix que de vendre leur corps en échange d'argent ou de nourriture.
Bintou : Ce n'est vraiment pas facile. Une fille sur la route n'a pas d'argent, elle n’a rien. Il lui faut forcément quelqu'un et aujourd'hui, l’aide n’est jamais gratuite. Quelqu'un peut te dire “Je t'aime”, mais c’est seulement car derrière il y trouve un intérêt. J'ai rencontré quelqu'un sur la route qui m’a dit qu’il m’aimait et qu’il allait tout prendre en charge, mais rien n’était vrai.
Arwa Barkallah : Bintou avait pris la route qui menait au Maroc, tout comme Mamadou Alpha. Elle est allée jusqu'à la ville côtière de Nador, à 10 km de la frontière espagnole. Mais après avoir lutté de toutes ses forces, elle a finalement décidé de rentrer. Même si pour elle, comme pour beaucoup de femmes qui reviennent, cela signifiait être traitée de femme “salie”.
Bintou : Je n'ai pas considéré les gens à mon retour. Il y avait trop de diffamation sur moi. Ils me disaient que j’étais peut être maudite par mes parents et que c'était pour cela que j’étais partie puis revenue.
Arwa Barkallah : Bintou a souffert de la même stigmatisation sociale qui blesse Mamadou. En tant que rapatrié, il était considéré comme un sous-homme. Il s'est senti humilié et laissé pour compte. Mais maintenant, il se fiche de ce que pensent ses voisins.
Nous participons à une réunion de l’ONG des Guinéens contre l’émigration illégale. Cette organisation a été créée par des anciens exilés pour aider à la réintégration sociale de ceux qui ont échoué. Leur but est de convaincre ceux qui veulent partir de le faire dans des conditions légales.
Nous sommes dans une grande pièce. Au centre, une douzaine de personnes sont attablées. Quelques-unes sont des femmes, mais cela reste une minorité. Certaines personnes sont revenues de leur plein gré, d’autres continuent à envisager un départ.
Après avoir salué tout le monde, les animateurs n’imposent pas de sujet de débat particulier. Tous les thèmes sont les bienvenus. Il n’y a pas de sujets interdits. La parole est libre et chacun est libre de se confier.
La personne que vous allez entendre est Elhadj Mohamed Diallo, président de cette organisation créée en 2018.
Elhadj Mohamed Diallo : Chaque mois, nous mettons en place au moins trois ou quatre causeries éducatives au cours desquelles on échange avec les migrants et les potentiels migrants. Parfois, on projette des vidéos de jeunes qui ne sont jamais partis, qui ne connaissent même pas le Sénégal, mais qui sont ici en Guinée et qui sont des modèles de réussite. On projette ça pour les migrants qui sont de retour afin qu'ils puissent savoir que ce n'est pas parce qu'on est parti puis revenu, que la vie s’arrête.
L'organisation est présente dans toutes les régions de Guinée. Des dizaines de familles à travers le pays y trouvent une oreille attentive.
D'après Elhadj Mohamed Diallo, environ 19 000 personnes ont été rapatriées en Guinée ces quatre dernières années. Mais le chiffre réel de ces rapatriés est impossible à estimer de façon précise. Certains reviennent, mais ne sont pas comptabilisés comme tels par le système ; d'autres rentrent, mais n'en informent pas leur propre famille.
Homme : Pour moi, il y a le rejet. Pourquoi je dis ça ? Parce que quand tu pars et que tu reviens, tes amis t’ignorent, ils se détournent de toi et s’en vont.
Femme : Pourquoi tu penses que les autres t'ignorent ?
Arwa Barkallah : D’après Diallo, la réintégration sociale de ces individus est un énorme défi tant ce marqueur social est fort. Mais ces gens veulent exister aux yeux de la société et en faire à nouveau partie. Les hommes souffrent particulièrement de cette exclusion.
L’ONG voudrait qu’un télé-crochet puisse faire la promotion de ces hommes qui ont quitté le pays et qui voudraient prouver que leur choix d’y revenir ne remet pas en cause leur respectabilité. Cela aurait, selon elle, une influence positive sur la jeunesse.
Elhadj Mohamed Diallo : Cela les met en valeur. Les jeunes migrants de retour ont, premièrement, la potentialité de défendre leur projet, car ils ont vécu beaucoup des choses. Deuxièmement, ils ont de l'expérience dans beaucoup de domaines par rapport à nombre d’autres jeunes. Ils ont aussi appris à faire, à exercer de nombreux métiers qui n'existaient pas en Guinée et ils veulent mettre ces métiers-là en place.
Arwa Barkallah : Des ONGs telles que celle-ci, ainsi que la présence de l'Office Internationale de la Migration (OIM) existent un peu partout en Afrique de l’Ouest.
Mamadou et ses camarades sont en train de jouer au foot dans ce que tout le monde appelle le “bundes”, un mot qui fait référence à la Bundesliga, le Championnat d’Allemagne de football. Il s’agit en fait d’un terrain quatre fois plus petit qu’un terrain de foot.
Mamadou : Le football est un passe-temps. Parfois, je m’immerge dans le foot et c'est comme si ça m'aidait à oublier un peu ce qui s'est passé. Une fois sur le terrain, je ne suis pas seul, je suis avec les amis et des fois, on joue avec les grands. Quand c'est bon, c'est bon. Quand on se moque de moi sur le terrain, ça me fait rire, c’est bon pour moi. Je sais que dans le football, tout se passe.
Arwa Barkallah : C’est une journée chaude et ensoleillée. Quatre autres personnes font un match avec Mamadou aujourd’hui. Il porte un jersey orange-vert vert avec le numéro 7. Une trentaine de personnes des environs regardent le petit groupe de joueurs.
Ici, dans la ville natale de Mamadou et d’Ibrahim, tout le monde rêve de devenir le prochain Paul Pogba, champion du monde en équipe de France, d’origine guinéenne.
Mamadou nous dit que depuis son retour, les gens pensent qu’il est un faible. Ce mot semble lui coller à la peau depuis qu’il est rentré, mais lorsqu’il est sur le terrain, c’est lui le plus fort… Il vient d'ailleurs de marquer un second but pour son équipe.
Mamadou : Je ne marque pas toujours, mais des fois quand je marque, je leur montre toujours que c’est moi, Alpha, qui suis là, toujours là. Le Alpha d'avant, qui jouait au ballon jour et nuit avant de revenir et de croire que tout était fini. C’est toujours le même Alpha qui est là. Je me sens très fort. Je leur ai prouvé que je suis toujours le même Alpha, le même homme et que ce qu’ils pensent n’est pas vrai.
Arwa Barkallah : Les épreuves endurées par Mamadou Alpha durant son périple l’ont marqué à vie. Elles l’ont changé. Le football l’aide à réintégrer la société et son environnement. Nourrir sa famille et rendre sa mère fière de lui et heureuse est tout ce à quoi il aspire.
Mamadou : Je rêve de voir ma maman conduire sa propre voiture, voir ma main dans le beurre. C'était ça mon rêve quand je suis parti et je sais que je finirai par le réaliser. Je veux sortir maman de cette pauvreté, c'est ça, mon idée. Être le héros de maman est mon plus grand rêve.
Arwa Barkallah : La première partie de cette émission consacrée aux jeunes hommes guinéens est terminée. Le deuxième volet est à découvrir dans 15 jours.
Si vous découvrez notre série de podcast, vous pouvez revenir aux épisodes précédents sur les Abatangamuco au Burundi ; des hommes qui se lèvent contre les violences conjugales.
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Dans cet épisode, vous avez entendu les œuvres musicales de Ba Cissoko.
Un grand merci à notre guide reporter Makemé Bamba à Conakry, en Guinée, qui a concocté cet épisode avec Naira Davlashyan.
Arwa Barkallah, Lillo Montalto Monella, Marta Rodriguez Martinez et Mame Peya Diaw ont préparé cette émission depuis Lyon, France.
Lory Martinez à Paris, France.
Clizia Sala à Londres, Royaume-Uni.
Design : Studio Ochenta.
Thème musical : Gabriel Dalmasso.
Remerciement particulier à Natalia Oelsner pour la programmation musicale de cet épisode.
Rédaction en chef : Yasir Khan
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