Au Congo, les agents de la force publique se rendent aux urnes ce mercredi. Ils voteront pour le compte de l’élection présidentielle, quatre jours avant les autres électeurs.
Présidentielle au Congo : la force publique attendue aux urnes
Ce vote anticipée est la conséquence de la réforme de la loi électorale adoptée par le pays, les autorités congolaises souhaitant permettre aux forces de l’ordre d’être libres le 21 mars pour sécuriser le déroulement du scrutin. Mais ce "privilège" accordé aux hommes en uniforme est loin de faire l’unanimité. Des acteurs de la société civile redoutent des fraudes et mettent en cause des failles en matière du nettoyage du fichier électoral.
Le ministère de l’Intérieur voulait dissocier le fichier civil et militaire. "En l’état actuel, le fichier électoral présenté ne permet pas de dissocier militaires et civils. Nous craignons donc que les militaires ne votent deux fois, leurs noms etant inscrits sur les listes civiles et militaires" , explique Bertrand Menier, du "Mouvement Ras-le-bol". Devant ce qu’ils qualifient de "fait accompli" , des activistes congolais promettent de veiller aux grains. " Depuis les indépendances, le Congo n’a jamais organisé de scrutin en deux phases : les militaires d’un côté et les civils de l’autre. Nous allons observer et nous en tirerons les conséquences" , souligne Bertrand Menier.
Pas de bureaux de vote dans les casernes
Les spéculations allaient bon train sur les lieux du déroulement de ce vote anticipé. L’idée d'urnes dans les casernes faisait craindre des fraudes. En effet, il parait inopportun de surveiller le déroulement d'une élection dans un univers sous contrôle des hommes en uniformes. Les autorités congolaises ont toutefois mis fin à cette appréhension. Le texte publié le 23 février par le ministre congolais de l’Intérieur prévoit l’implantation des bureaux de vote dans des "lieux civils" , notamment des écoles dans différents départements du pays.
Le Congo va découvrir donc pour la première fois de son histoire un vote segmenté, alors que civils et forces de l’ordre votaient traditionnellement le même jour. Le reste des 2, 5 millions d’électeurs congolais emboîteront le pas dimanche. Ils devront départager les septs candidats pour le fauteuil suprême. Le locataire actuel du siège, Denis Sassou Nguesso brigue un quatrième mandat consécutif, à 77 ans, dont 36 passés au pouvoir.