Le Kenya ne participera pas aux audiences qui doivent débuter lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye sur le différend frontalier l'opposant à la Somalie, a annoncé le gouvernement kényan dans un communiqué.
Différend frontalier Somalie-Kenya : Nairobi boude l'audience devant la CIJ
La Somalie et le Kenya s'opposent depuis plusieurs années sur le tracé de leur frontière maritime dans l'océan Indien , avec en jeu une vaste zone de 100 000 km2 riche en poissons et en potentiels hydrocarbures. Dans cette lettre transmise jeudi à la CIJ, principal organe judiciaire de l'ONU , le Kenya dit informer la Cour " qu'il ne participera pas aux audiences " sur ce dossier, prévues à partir du 15 mars.
Le procureur général du Kenya, Kihara Kariuki , liste dans le texte les différentes raisons ayant conduit à cette décision. " Premièrement, les circonstances de la pandémie de Covid-19 ont entravé la capacité du Kenya à se préparer de manière adéquate pour l'audience ", peut-on lire dans la lettre, qui mentionne également les difficultés économiques résultant de la pandémie .
Le pays critique également la tenue d'une partie des audiences de manière virtuelle, estimant que ce contexte ne lui permet pas de se défendre de manière optimale. " Le Kenya demande humblement à la Cour de permettre à son représentant de s'adresser oralement devant la Cour pendant 30 minutes avant le début des audiences ", poursuit le texte. Le pays ajoute enfin vouloir soumettre à la Cour sa position par écrit, même si " les audiences se tiendront sans la participation du Kenya. "
Ce différend frontalier envenime régulièrement les relations déjà tumultueuses entre les deux pays. En décembre, la Somalie a annoncé rompre ses relations diplomatiques avec le Keny a. En février, le pays a rappelé son ambassadeur à Mogadiscio, accusant la Somalie d'avoir mis aux enchères des gisements pétrolifères et gaziers dans la zone contestée - ce qu'elle dément.
En 2009, les deux pays avaient convenu de régler leur différend par des négociations bilatérales . Mais ces dernières n'ont pas abouti. En conséquence, la Somalie a saisi en 2014 la CIJ . Malgré les contestations du Kenya, la CIJ s'est déclarée compétente en février 2017. La Somalie n'a pas réagi pour le moment à la décision kényane.
Contactée, la CIJ n'a de son côté pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires de l'AFP, s'agissant notamment des conséquences de cette décision sur les audiences.