2020 a sans aucun doute été une année charnière pour l'Afrique. Neuf scrutins présidentiels ont été organisés sur le continent. Si la question du troisième mandat a perturbé les élections en Afrique de l'ouest notamment en Côte d'Ivoire et en Guinée, un scrutin législatif a également engendré une crise politique sans précédent en Ethiopie. Retour sur une année riche en rebondissements.
Retour sur 2020 : une année rythmée par les élections présidentielles
Togo : Faure Essozimna Gnassingbe est indétrônable
Le 22 février, huit millions de togolais se rendent aux urnes pour la première élection de l'année. A l'issue du scrutin, le président Faure Essozimna Gnassingbe conserve le pouvoir avec 72 % des voix contre 18 % pour le leader de l'opposition Agbeyome Kodjo . Le candidat du Rassemblement du peuple togolais est réélu pour la 4e fois depuis sa nomination comme président par intérim en février 2005.
Burundi : Evariste Ndayishimiye succède à son mentor Pierre Nkurunziza
Début juin, la Cour constitutionnelle du Burundi confirme les résultats de l'élection du 20 mai en rejetant la requête d’annulation du leader de l'opposition, Agathon Rwasa qui contestait la régularité du scrutin.
Evariste Ndayishimiye est ainsi proclamé président de la république avec 68 % des voix. A 52 ans, il succède au leader de longue date, Pierre Nkurunziza , au pouvoir depuis 2005 et qui décèdera, le 8 juin, peu de temps après l'annonce de sa victoire.
Malawi : l'opposant Lazarus Chakwera remporte la bataille des urnes
Au Malawi, la Cour suprême a annulé les résultats de l'élection présidentielle de février 2019, en invoquant des irrégularités généralisées. Le 23 juin, les Malawiens doivent se rendre à nouveau aux urnes pour départager le président sortant, Peter Mutharika , et le leader de l'opposition, Lazarus Chakwera . Ce dernier remporte finalement l’élection avec 58,5 % des votes exprimés.
Le président battu, Peter Mutharika, dénonce publiquement le tour de force de son adversaire : "Malheureusement, comme les Malawiens l'ont vu, cette élection est la pire de l'histoire du de notre pays" , déclare-t-il.
Ethiopie : Une élection locale met le feu aux poudres dans le Tigré
En Ethiopie, les élections locales dans la région nord du Tigré, organisées contre l’avis de l’état fédéral, ont déclenché la colère du Premier ministre, Abiy Ahmed , et mis le feu aux poudres. Le chef du gouvernement a rejeté les appels au dialogue de la communauté internationale et s'est lancé dans une guerre face au Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) .
Le 4 novembre, Abiy Ahmed lance les hostilités en envoyant des troupes de l'armée fédérale dans la région du Tigré. Des milliers d'habitants doivent fuir le conflit pour se réfugier dans le Soudan voisin. Bien que les troupes gouvernementales aient revendiqué le contrôle de la ville de Mekele, les Nations unies affirment que les affrontements se poursuivent dans la région.
Seychelles : une première victoire de l'opposition depuis 44 ans
Aux Seychelles, le scrutin a été marqué la première victoire de l'opposition depuis 44 ans. Wavel Ramkalawan a été plébiscité dès le premier tour de l'élection présidentiel. C'est le succès de la persévérance pour ce prête anglican qui se présentait pour la 6e fois au poste le plus élevé du pays.
Tanzanie : John Magafuli s'offre cinq années supplémentaires
Le président John Magufuli a remporté une victoire écrasante lors des élections présidentielles du 28 octobre. Avec plus de 84% des voix, le candidat du "Chama cha Mapinduzi" va pouvoir poursuivre sa transformation du pays. Son principal adversaire, Tundu Lissu , n'a pas pesé lourd avec 13 % des voix. Ce dernier, soutenu par les autres partis de l’opposition, a critiqué ouvertement le processus de l'élection, "non conforme aux normes internationales" , selon lui
Surnommé "le bulldozer" , John Pompe Magufuli a montré lors de ses cinq premières années passées au pouvoir sa détermination à développer le pays : il a construit de nouvelles routes et lancé un projet hydroélectrique. Sous sa houlette, la Tanzanie a quitté la liste des nations à faible revenu pour se placer parmi les pays intermédiaires. Magufuli a aussi amorcé un virage autoritaire et a notamment fortement limité la liberté de la presse tanzanienne.
Côte d'Ivoire : Alassane Ouattara vainqueur malgré tout
La quête d'un troisième mandat du président Alassane Ouattara a déclenché la fureur de l'opposition qui a déclaré comme "illégale et anticonstitutionnelle" sa nouvelle candidature.
En début d’année, le président ivoirien avait déclaré "renoncer" à un nouveau mandat et apporté son soutien au premier ministre, Amadou Gon Coulibaly , candidat à la présidentielle pour le parti au pouvoir du RHDP .
Mais après le décès de ce dernier au mois de juillet, le président Ouattara est revenu sur sa décision de passer la main et n'a pas flanché malgré les scènes de protestations dans la capitale Abidjan. Les adversaires du président sortant ont décidé du coup de boycotter le scrutin, remporté haut la main par Alassane Ouattara avec 94.27% des voix.
L’ancien président Laurent Gbagbo avait été écarté de l'élection : résidant à Bruxelles depuis son acquittement, sa demande de passeport n'a été validée qu'à l'issue des élections.
Guinée : la réélection d'Alpha condé plonge le pays dans un bain de sang
Le président Alpha Condé a remporté un troisième mandat controversé en octobre. L'annonce de sa réélection a débouché sur de violents affrontements qui ont coûté la vie à une trentaine de civils.
Selon la Commission électorale indépendante, le candidat de 82 ans a obtenu 59,5 % des voix. Deuxième de l'élection, Cellou Dalein Diallo , 68 ans, a saisi la Cour constitutionnelle. Mais le tribunal a déclaré sa plainte irrecevable et a entériné la victoire d’Alpha Condé le 7 novembre.
Burkina Faso : le président Kabore en attente d'une majorité parlementaire
En novembre, les Burkinabè se sont rendus aux urnes pour choisir leur chef de l’état. Le président Roch Marc Christian Kabore a été réélu pour un second mandat avec 57,87 % des voix.
Autrefois considérée comme une nation stable, le Burkina Faso est confronté à la montée de la violence djihadiste et à une recrudescence des attentats. La sujet a dominé la campagne d'autant qu'un tiers de la population a été privé de son droit de vote en raison de l'insécurité.
Le président Kaboré va devoir désormais négocier avec les partis alliés : son parti du "Mouvement du peuple pour le progrès" n’ayant pas obtenu le nombre de sièges requis pour s'assurer la majorité parlementaire.
Ghana : Akufo Ado, un président en salle d'attente
Le 7 décembre, le Ghana a choisi son dirigeant pour les quatre prochaines années. Les deux grands rivaux, Nana Akufo-Ado et John Mahama n'ont finalement pas respecté leur promesse d'une élection pacifique. Cinq personnes au moins ont été tuées au cours d'affrontements avec la police.
Deux jours après le scrutin, la commission électorale a déclaré le président sortant vainqueur avec 51,95 % des voix. Un verdict contesté par l'opposition.