Quelques centaines de partisans sur un parking contre des milliers de casquettes rouges: Joe Biden consacre le gros des 48 heures précédant l'élection à la Pennsylvanie et Donald Trump y retourne encore lundi, signe de l'importance de cet Etat qui pourrait être décisif pour les départager. Le président républicain l'avait emporté ici avec tout juste 44.000 voix en 2016. Joe Biden, né en Pennsylvanie, y a passé son dimanche et a prévu lundi au moins trois événements majeurs dans cet Etat, dont un événement "drive in" à Pittsburgh avec Lady Gaga.
Donald Trump et Joe Biden à l'assaut de la Pennsylvanie
Car, avec ses 20 grands électeurs, la Pennsylvanie est l'un de ces Etats-clés susceptibles de faire pencher la balance en faveur de l'un des candidats.
"Nous avons besoin que chacun d'entre vous aille voter mardi", a plaidé Joe Biden dimanche auprès des quelques centaines de personnes venues l'écouter sous le crachin à Philadelphie. "Nous pouvons mettre fin à une présidence qui a attisé les flammes de la haine à travers ce pays".
"Donald Trump voit le monde depuis Park Avenue", artère cossue de New York, a aussi tweeté Joe Biden. "Moi je le vois de là d'où je viens: Scranton, en Pennsylvanie".
L'ancien vice-président de Barack Obama mène d'une courte tête face à M. Trump en Pennsylvanie, Etat marqué par le déclin industriel, selon la moyenne des sondages de RealClearPolitics, qui lui donne 4.3 points d'avance.
On ne le devinerait pas à voir ses meetings. Affichant toujours une extrême prudence, pandémie oblige, il se garde de tenir de flamboyants événements comme son rival.
Lors d'une étape à Philadelphie, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées sur un parking pour entendre un Biden masqué parler, parfois d'une voix si basse qu'il est à peine intelligible.
Avant son intervention, quelqu'un est venu essuyer le micro et le pupitre. Contrairement à M. Trump, le démocrate porte un masque dès qu'il n'est plus sur scène.
- "Ça va marcher" -
Un spectacle radicalement différent quand le milliardaire républicain a passé son samedi à faire campagne en Pennsylvanie. Comme d'habitude, malgré le coronavirus, des milliers de ses partisans portant des casquettes "Make America Great Again" sont venus l'applaudir, sans vraiment respecter la distanciation physique. Beaucoup ne portaient pas de masque.
"Personne n'a jamais vu quelque chose comme ça", a lancé le président sous les acclamations.
Pour faire mentir les sondages qui le donnent perdant, M. Trump enchaîne les meetings à un rythme effréné. Lundi, il a prévu cinq meetings dans quatre Etats, dont encore la Pennsylvanie.
M. Biden a de nouveau fustigé le président pour avoir eu "l'audace" de suggérer que médecins et hôpitaux gonflaient le nombre de morts du Covid-19 pour s'enrichir.
"C'est plus qu'insultant, c'est une honte. Il est une honte", a-t-il lancé, tandis que ses partisans acquiesçaient en klaxonnant.
M. Trump se présente comme "un dur à cuire, un macho", s'est gaussé M. Biden. "Non mais franchement!".
M. Biden essaie de glaner le moindre vote, surtout dans la communauté noire de Philadelphie, un électorat traditionnellement favorable aux démocrates mais qui n'a pas apporté le soutien escompté à Hillary Clinton en 2016.
Il est allé faire campagne dans l'église Sharon Baptist Church, où une cinquantaine de voitures étaient garées pour l'écouter.
Bien que Millicent Hunter, pasteure noire à Philadelphie, dise être confiante dans une victoire de M. Biden en Pennsylvanie, elle s'est donné pour mission "de dire aux gens que ce n'est pas le moment de se reposer sur leurs lauriers".
S'inquiète-t-elle d'une possible répétition du scénario de 2016, quand Mme Clinton menait dans les sondages en Pennsylvanie, dans le Michigan et le Wisconsin mais les avait perdus? La pasteure hésite.
"Je crois qu'on a tous vu ce film, c'était une tragédie", dit la sexagénaire. Mais "je pense toujours que ça va marcher pour Joe Biden".
Pour Joseph Gidjunis, un photographe qui fait du volontariat pour la campagne de M. Biden, les enjeux sont clairs pour les deux candidats en Pennsylvanie.
"Tout le monde vient clore sa campagne ici parce que l'Etat pourrait être la clé de leur victoire", juge l'homme de 38 ans.
Les sondages placent depuis des mois le démocrate Joe Biden dans le statut du favori à l'élection présidentielle aux Etats-Unis, mais le républicain Donald Trump affirme qu'il les fera mentir comme lors de sa victoire surprise de 2016.