Le Parc National Amboseli dans le sud du Kenya au pied du Kilimandjaro.
KENYA : Femmes, Massaï et Rangers
Ici, 8 jeunes femmes Massaï forment depuis 2017 l’Équipe des Lionnes, la première unité entière ment féminine de ranger.
Une véritable révolution, dans une communauté traditionnellement patriarcale.
"Quand ils nous voient faire ce travail, ils ne croient pas que nous puissions y arriver. Ils pensent que ce travail est réservé aux hommes, alors ils nous découragent en nous disant que ce n'est pas notre place, que nous n'avons pas à le faire en tant que femmes. ", témoigne Purity Amselet. Âgées de 18 à 26 ans, les Lionnes ont dû être libérées de la société pour rejoindre le groupe de 68 ranger patrouillant habituellement dans le Parc.
Pour Patrick Papatiti, commandant des gardes forestiers de la communauté d'Olgulului, "Le défi c'était la perception. Parce que les gens croyaient que nous voulions mettre les femmes au pouvoir. Mais il s'agit de mettre les femmes dans une position de travail égale à celle des hommes".
La mission des Lionnes s'est compliquée ces derniers mois : à cause du coronavirus, de nombreuses personnes ayant perdu leur emploi se sont tournées vers le braconnage pour se procurer de la viande de brousse. Âgée de 81 ans, Nolepeta, mère de huit enfants, a fabriqué des perles toute sa vie.
"Cette pandémie a été un grand défi pour nous, car nous avions l'habitude de vendre nos perles aux touristes. Nous gagnons de l'argent pour emmener nos enfants à l'école et leur fournir de la nourriture. Il serait bien mieux que nous ayons plus de femmes gardes forestiers travaillant dans le monde entier, car cela montrerait que les femmes qui n'ont pas été reconnues par leurs communautés locales ont une certaine autonomie et cela montrerait aussi qu'il y a une égalité des sexes." Au quotidien, la mission des ranger consiste à signaler les activités suspectes ou illégales, à sensibiliser les communautés locales à la protection des animaux et à les surveiller. En particulier les 2000 éléphants du Parc, dont les défenses sont très recherchées par les braconniers.
D’autres femmes Massaï seront bientôt formées afin d’agrandir les rangs.
Elles sont soutenues par le Fonds international pour la protection des animaux, qui leur fournit notamment une formation, leur rémunération et le matériel dont elles ont besoin.
Enrôler des femmes permet de donner un modèle aux autres femmes. Elles prouvent aux jeunes générations qu’elles peuvent exister et accomplir leurs objectifs et saisir des opportunités au-delà des rôles genrés traditionnels.