La RD Congo a salué la Belgique mardi après que son monarque, le roi Philippe, ait exprimé ses “plus profonds regrets” pour la brutale occupation coloniale du pays, mais certains dans le pays ont exigé des réparations pour le passé.
Le "regret" belge pour le passé du Congo suscite des réactions mitigées en RDC
Dans une lettre adressée au président Félix Tshisekedi à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du pays, Philippe a exprimé une tristesse sans précédent pour les actes coloniaux qui, selon les historiens, ont entraîné la mort de millions de Congolais.
“Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui réveillée par la discrimination encore présente dans nos sociétés”, a déclaré Philippe.
“Des actes de violence et de cruauté ont été commis qui pèsent sur notre mémoire collective”, a-t-il déclaré.
Le ministre des affaires étrangères de la RD Congo, Marie Ntumba Nzeza, a déclaré à l’AFP que la lettre du roi était “un baume au cœur du peuple congolais”. C’est un pas en avant qui va renforcer les relations amicales entre nos nations”.
Tshisekedi, dans un discours télévisé à la veille de l’anniversaire, a rendu hommage à la Belgique, où il a vécu en exil volontaire avant de revenir pour se présenter avec succès aux élections de 2018.
Philippe, a-t-il déclaré, “cherche, tout comme moi, à renforcer les liens entre nos deux pays, sans renier notre passé commun, mais dans le but de préparer un avenir brillant et harmonieux”.
En revanche, Lambert Mende, l’ancien porte-parole du prédécesseur de Tshisekedi, Joseph Kabila, a déclaré : “Il ne suffit pas de dire : “Je regrette”.
“Les gens devraient être prêts à réparer les dommages en termes d’investissement et de compensation avec intérêts. C’est ce que nous attendons de nos partenaires belges”.
Hervé Diakiese, porte-parole d’un mouvement citoyen appelé Congolais Debout, a déclaré que la lettre du monarque était “un pas dans la bonne direction”.
Les objets congolais
“Mais ce remords tardif ne peut être accepté qu’après des réparations adéquates pour ces atrocités qui ont permis l’enrichissement personnel de Léopold II et de ses amis”, a-t-il déclaré, en se référant à l’ancien monarque belge qui a pillé le Congo de 1885 à 1908.
“La malversation de la Belgique après l’indépendance, le 30 juin 1960, pour contrôler les minerais de la RDC devrait également figurer parmi les questions de réparation”, a-t-il déclaré.
Les objets congolais pillés devraient également être restitués, a-t-il ajouté.
Jean-Claude Katende, le président de l’Asadho, l’un des plus anciens groupes de défense des droits en République démocratique du Congo, a appelé à un effort accru pour identifier les provinces où la Belgique coloniale a commis ses pires atrocités.
“En Équateur (province), des gens ont été tués et d’autres ont eu les mains coupées”, a-t-il déclaré.
La Belgique envisage de mettre en place une commission parlementaire pour enquêter sur son régime colonial, qui s’est également étendu au Rwanda et au Burundi.
>>> LIRE AUSSI : Passé colonial belge : regrets historiques du roi Philippe aux Congolais