Seychelles : faire face à la crise de l'héroïne

À quelques kilomètres des plages de carte postale des Seychelles, dans les quartiers périphériques de Victoria, la capitale, une dizaine de personnes se pressent autour d’un véhicule. Ils attendent leur dose de méthadone, un médicament de substitution à l’héroïne.

Graham est l’un des patients. Il avait seulement 10 ans quand il a pris son premier shoot. Après plusieurs séjours en prison, le jeune homme veut à présent être clean. “C‘était vraiment difficile, vraiment difficile”, se souvient avec émotion le jeune homme. “Je volais, ma famille m’a rejeté. Je dormais partout, je n’arrivais pas à manger. Quand vous avez de l’argent, vous n’achetez pas à manger, mais l’héroïne. Et quand vous avez fini avec l’héroïne, vous vous demandez comment vous allez trouver quelque chose à manger”, explique Graham.

Gisèle doit aussi se battre. Elle a commencé l’héroïne à 13 ans. 20 ans plus tard, elle voudrait décrocher. “Parfois, j’en prends. Mais je voudrais y mettre un terme. Juste prendre de la méthadone. Arrêter. Mais c’est encore un peu difficile”, affirme la jeune fille.

Le fléau de la consommation de l’héroïne aux Seychelles ne connaît pas d‘âge, de sexe ou de classe sociale. Depuis 10 ans, l’archipel s’est retrouvé sur la route du trafic entre l’Asie et l’Europe. Une réalité que le gouvernement a tardé à prendre en considération.

“Quand nous avons pris la mesure de la situation en 2011, nous avons réalisé que 1 200 personnes utilisaient l’héroïne. Nous devions prendre des mesures. Mais nous ne l’avons pas fait. Nous avons juste accru les interventions. Le principal problème est que pendant de nombreuses années, notre approche était répressive”, admet Patrick Hermine qui dirige l’Agence pour la prévention et la réhabilitation des abus liés à la drogue.

Depuis 2017, l’addiction à l’héroïne a été classée comme un problème de santé publique et traitée comme une maladie. Les autorités seychelloises travaillent également à la sensibilisation dans les entreprises et les écoles. En trois ans, le budget alloué à la prise en charge des personnes affectées a été multiplié par dix.
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