RDC : que réservent les nouvelles nominations à la magistrature ?

Le chef de l‘État congolais, a procédé vendredi à la nomination de nouveaux magistrats au Conseil supérieur de la magistrature. Une décision longtemps attendue, tant Félix Tshisekedi avait promis de renforcer l‘État de droit dans son pays.

Flory Kabange Numbi n’est plus procureur général près la cour de cassation. À la grande satisfaction d’une bonne partie de la société civile congolaise qui accusait ce juge d‘être à lui seul « l’une des principales tares de cette justice : un système inféodé à l’ancien pouvoir », comme l’a écrit le site congolais actualite.cd.

C’est donc Victor Mumba Mukomo qui travaillera avec Dominique Thambwe, président de l’institution, nommé lui aussi vendredi soir en remplacement de Jérôme Kitoko.

Au Conseil d‘État, c’est Octave Tela Ziele qui a été nommé procureur général, en lieu et place de Joseph Mushagalusa accusé lui aussi par la société civile de « faire obstacle à certains dossiers du Conseil d‘État ».

Accusée d‘être acquise à l’ancien président Joseph Kabila, la très prestigieuse cour constitutionnelle, elle n’a pas échappé à cette vague de nominations. L’institution accueille ainsi Jean-Paul Mukolo en tant que procureur général.

Salué par des médias et la société civile pour sa « rigueur » et sa « discipline » dans « la répression des crimes graves imputés à certains policiers et militaires », le général Joseph Mutombo Katalay a été nommé premier président de la Haute cour militaire.

Et l’alliance avec le camp Kabila ?

Ce sont les premières nominations de l‘ère Tshisekedi depuis son investiture il y a un an, en tant que président de la République. Pendant la campagne électorale, « Fatshi » promettait de tout mettre en œuvre pour que l‘État de droit devienne une réalité en RDC.

Mais si a priori les nominations seront bien favorablement accueillies par la société civile, le maintien du Tim Mukuntu au poste de procureur général près la Haute Cour militaire pourrait faire grincer les dents au niveau d’observateurs qui estiment que l’officier n’a pas pu « faire comparaître des hauts responsables soupçonnés d’être impliqués » dans le procès sur le meurtre en 2017 de deux experts de l’ONU dans la province du Kasaï.

Au-delà des aspects juridiques, il y a l’impact politique. En effet, il est fort possible qu’il y ait une sorte de levée de boucliers au sein du camp de l’ancien président Joseph Kabila.

Lequel camp avait vivement contesté en mai 2019, deux décrets nommant les nouveaux dirigeants à la Générale des carrières et des mines (GECAMINES) et à la Société nationale des chemins de fer (SNCC). Et les deux textes n’ont jusqu’ici jamais été appliqués.

Preuve que l’alliance avec l’ancien pouvoir va de mal en pis. Et semble davantage proche d’un éventuel éclatement.
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