Malawi : un contentieux électoral qui « réveillera » le peuple ?

Vu des irrégularités que l’opposition dit avoir identifiées, la présidentielle de mai 2019 remportée par Peter Mutharika sera-t-elle invalidée ? Une grande première dans le pays et une deuxième dans le continent après le Kenya en 2017.

Mis à jour à 11 h GMT

Comme lors des audiences de ces derniers mois, les quelque 18,6 millions de Malawites ont les yeux et les oreilles tournés vers le siège de la Cour constitutionnelle basée à Lilongwe, la capitale.

C’est en effet ce lundi 3 février 2019 que la magistrate Ivy Kamanga et ses collègues et administrés vont se prononcer sur le contentieux électoral né de la contestation par l’opposition des résultats de la présidentielle de mai dernier.

Si d’après la commission électorale, ce scrutin avait été remporté par Peter Mutharika avec 38,57% des suffrages, Lazarus Chakwera (35,41 %) et l’autre Saulos Chilima, arrivé troisième ont immédiatement dénoncé des fraudes, dont un nombre, à leurs yeux anormalement élevé, de procès-verbaux de dépouillement raturés avec du blanc à effacer.

Outre de nombreuses manifestations marquées parfois par des heurts avec les forces de l’ordre, ils ont saisi la Cour constitutionnelle dans le dessein d’obtenir un recours en annulation.

Et les deux opposants sont confortés dans leurs requêtes par des observateurs étrangers dont le chef de la délégation d’observateurs de l’Union européenne Mark Stephens qui a souligné, peu après le scrutin, que « beaucoup d’erreurs avaient été commises pendant le décompte ».

Si ces résultats sont invalidés, une autre élection doit être organisée sauf appel de l’une des parties.

« Cette affaire a réveillé le Malawi »

Toutefois, appel ou non et quelle que soit la décision de la Cour constitutionnelle, des Malawites vivent ces instants avec le sentiment d’avoir obtenu un gain. Une avancée fût-elle modeste, dans le fonctionnement de l’appareil politique et des institutions.

« Cette affaire a réveillé le Malawi », s’est réjoui Chatonda Jembe, un résident. « Les partis savent désormais qu’ils ne peuvent plus nous rouler dans la farine », a-t-il estimé.

Et dans une Afrique où des commissions électorales, cours suprêmes, cours constitutionnelles et autres institutions impliquées dans l’organisation des scrutins sont souvent accusées d‘être au service des partis au pouvoir, l’invalidation de la présidentielle malawite devrait réveiller en de nombreux Africains le souvenir de 2017 au Kenya.

Contre toute attente, David Maraga et ses collègues de la cour suprême kényane invalidèrent les résultats publiés par la Commission électorale (IEBC) donnant la victoire à Uhuru Kenyatta. Et ordonnèrent un autre scrutin remporté par Uhuru Kenyatta.

Reste à savoir si le Malawi deviendra le deuxième exemple en Afrique. Mais des observateurs redoutent une flambée de violences après le verdict quel qu’il soit. Les autorités, l’opposition, des ONG et des institutions internationales comme l’ONU multiplient des appels au calme.

Alors que viennent de s’ouvrir les portes de la cour constitutionnelle, les dernières nouvelles font état du renforcement de la sécurité au siège de l’institution.
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