Ethiopie : un détracteur d'Abiy rejoint un parti d'opposition

Un activiste au cœur de la plus récente flambée de violences meurtrières en Ethiopie a annoncé mardi qu’il rejoignait un parti d’opposition pour défier le Premier ministre, Abiy Ahmed, son ancien allié, aux élections prévues en mai 2020.

Jawar Mohammed a indiqué à l’AFP qu’il porterait les couleurs du Congrès fédéraliste oromo (OFC), un mouvement dirigé par deux vétérans de la politique éthiopienne : Merera Gudina et Bekele Gerba.

“Je travaille depuis longtemps avec (eux). Nous nous étions coordonnés durant les manifestations. C’est pourquoi j’ai décidé de les rejoindre”, a-t-il déclaré.

M. Jawar avait aidé à organiser les manifestations antigouvernementales qui ont mené à l’arrivée au pouvoir en avril 2018 de M. Abiy. Mais en 2019, il s’est affirmé comme l’un des principaux détracteurs du chef du gouvernement.

Les deux hommes sont issus du premier groupe ethnique du pays, les Oromo. Leurs désaccords illustrent les divisions en son sein, ce qui pourrait compliquer la tâche de M. Abiy pour se maintenir au pouvoir cinq années supplémentaires.

En octobre, M. Jawar avait accusé le gouvernement d’avoir tenté de s’en prendre à lui, provoquant des manifestations anti-Abiy qui avaient débouché sur des affrontements ethniques dans la région de l’Oromia, et la mort de 86 personnes.

Un mois plus tard, il avait annoncé qu’il se présenterait aux prochaines élections, sans avoir encore rejoint de parti.

“Je ne suis pas d’accord avec la voie qu’il suit”

Sa décision de rallier l’OFC le place en confrontation directe avec le prix Nobel de la paix 2019, qu’il a accusé d’agir comme un dictateur à la poursuite de ses ambitieuses réformes politiques et économiques.

“Je ne suis pas d’accord avec la voie qu’il suit”, a déclaré mardi M. Jawar au sujet du Premier ministre. “En conséquence, nous avons décidé de le défier lui et son parti, mais nous continuerons aussi à travailler étroitement ensemble pour garantir la stabilité du pays.”

Il n’a pas dit s’il se présenterait pour un siège au parlement régional de l’Oromia ou au parlement fédéral. La décision finale “dépendra de là où le parti me voudra”, a-t-il précisé.

Pour être éligible, il devra renoncer à la citoyenneté américaine et redevenir éthiopien, un processus déjà en cours a-t-il souligné. 

Controversé défenseur de la cause oromo, souvent accusé de jouer des divisions ethniques, M. Jawar est le fondateur du média d’opposition Oromia Media Network (OMN), basé aux États-Unis et qui diffuse principalement via Facebook.

Mais il a annoncé à l’AFP qu’il renonçait à toutes ses fonctions au sein d’OMN pour s’assurer que le média “reste indépendant” et se “consacrer exclusivement” à sa carrière politique.

AFP
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