L’Afrique du Sud reste ferme sur ses conditions d’exportation d’armes vers des pays tiers, notamment en ce qui concerne les questions liées aux droits humains. Et tout pays qui voudrait y contrevenir risque tout simplement de se heurter à la rigueur de la loi. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis en font l’expérience. Même si, en Afrique du Sud, c’est tout le secteur de la défense qui crie à l’agonie.
Afrique du Sud : les exportations d'armes vers l'Arabie et les Émirats suspendues
Les autorités sud-africaines ont décidé de bloquer les exportations d’armes vers l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Pour lever son blocus, le Comité national de contrôle des armes classiques (NCACC), un groupe de ministres et de vice-ministres qui approuve les exportations, oblige les clients étrangers à s’engager à ne pas transférer d’armes à des tiers et à permettre aux responsables sud-africains d’inspecter leurs installations afin de vérifier leur conformité, ont confié à Reuters quatre responsables de l’industrie de la défense dans le pays.
L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui représentent au moins un tiers des exportations d’armes d’Afrique du Sud, ont rejeté les inspections qu’ils considéraient comme une violation de leur souveraineté, ont indiqué ces sources. Oman et l’Algérie ont également refusé les inspections et vu leurs importations en provenance d’Afrique du Sud bloquées, ont ajouté les responsables de l’industrie.
Pourtant, pour l’Afrique du Sud qui a vécu une longue période d’oppression durant le régime ségrégationniste et raciste de l’apartheid, il s’agit d‘éviter de se rendre complice de régimes violant les droits de l’homme. Ainsi, les conditions d’exportation sud-africaines prennent du reste en compte des critères tels que les droits de l’homme, les conflits régionaux, le risque de détournement, les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et l’intérêt national lors de l‘évaluation des demandes de permis d’exportation, a souligné Ezra Jele, directeur sud-africain de la maîtrise des armes classiques au ministère de la Défense.
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Des emplois en danger
En février dernier, un rapport d’Amnesty International a accusé les Émirats de détourner des armes fournies par des États occidentaux et d’autres États au profit de milices accusées de crimes de guerre au Yémen. Le même mois, une enquête de CNN a révélé que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis avaient transféré des armes américaines à des combattants yéménites.
Si ces conditions ne sont pas ouvertement remises en cause, elles comportent toutefois des menaces pour l’industrie de la défense, alertent les grands patrons. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis représentent à eux seuls un tiers des 4,7 milliards de rands d’exportations autorisées d’armes en Afrique du Sud.
Des entreprises comme Denel et Rheinmetall Denel Munition (RDM), acteurs majeurs dans le secteur, ont par ailleurs confié que leurs exportations vers le Moyen-Orient n’ont pas été autorisées depuis mars. « Nous avons actuellement une clause qui nous empêche d’exporter 25 milliards de rands (1,7 milliard de dollars) de valeur aujourd’hui », a déclaré à Reuters Simphiwe Hamilton, directeur de l’Association sud-africaine des industries aérospatiales, maritimes et de défense (DMLA).
Conséquences invoquées, la chute du chiffre d’affaires, mais surtout, le risque de réduire les emplois dans un contexte de récession et de hausse du taux de chômage. Des syndicats ont déjà alerté le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan, après que des compagnies ont annoncé qu’elles pourraient réduire jusqu‘à 500 emplois si la situation n’est pas rétablie.
Exhorté à l’action, le comité de contrôle des armes reste droit dans ses bottes. Il n’est point question de faire exception.