Le président du Bénin, Patrice Talon, devait rencontrer mercredi à Cotonou son prédécesseur et principal opposant, Thomas Boni Yayi, exilé depuis les législatives d’avril qui avaient plongé ce pays d’Afrique de l’Ouest dans une grave crise politique.
Bénin : le président Patrice Talon va recevoir l'opposant en exil Boni Yayi
“Le président a exprimé son souhait de voir revenir notre ancien président que rien n’a contraint à l’exil et c’est tout à fait naturellement qu’il le recevra à sa demande”, a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Alain Orounla, à l’issue du conseil des ministres.
Le porte-parole a évoqué une “rencontre festive entre deux grands hommes d’Etat” qui doit avoir lieu “dans les prochaines heures”.
Patrice Talon “a déjà exprimé son oubli des incompréhensions qui ont pu naître à la suite de certains incidents déplorés dans notre pays”, a-t-il dit. “La page est tournée” grâce au dialogue entamé ces derniers mois avec l’opposition, a-t-il ajouté.
L’ancien chef d’Etat devrait être accompagné d’une importante délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), impliquée depuis des mois dans la résolution de la crise béninoise.
“Des chefs d’Etat de la sous-région ont été constamment associés aux discussions entre le président Boni Yayi et le président Patrice Talon. Il y a eu beaucoup de missions diplomatiques”, a ajouté M. Orounla. “Certains chefs d’Etat et de gouvernement ont désigné des représentants pour être les témoins de cette rencontre au sommet”.
Cette délégation, qui comprend l’ancien président du Nigeria Abdusalami Abubakar et le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, arrivera du Niger où elle a été reçue avec Boni Yayi dans la matinée par le président en exercice de l’organisation, le chef de l’Etat Mahamadou Issoufou.
“Le Président Issoufou s’est engagé depuis le début pour faciliter le retour à la paix au Benin, il s’est beaucoup investi parce qu’il est important que la paix et la stabilité soient maintenues dans toute la sous-région”, affirme un communiqué de la présidence à Niamey.
Le communiqué précise que “ces échanges vont se poursuivre”, sans toutefois évoquer la visite de la délégation au Bénin.
Visite éclair
Plusieurs proches de l’entourage de Thomas Boni Yayi, qui séjournait récemment au Nigeria voisin, ont confirmé mercredi à l’AFP sa venue dans la capitale économique béninoise et la rencontre prévue à la présidence.
“Il ne vient pas pour séjourner, il repart du pays à la fin de la séance avec Patrice Talon. C’est ce que nous savons pour le moment”, a déclaré sous couvert d’anonymat un ancien député proche de M. Boni Yayi.
Boni Yayi s‘était exilé après que son domicile de Cotonou eut été encerclé pendant près de deux mois par les forces de l’ordre, à la suite au scrutin contesté du 28 avril dont l’opposition avait été exclue.
La crise qui avait suivi avait débouché sur des manifestations et des violences avec une dizaines de morts par balles.
Le président Talon a multiplié depuis les gestes d’apaisement comme l’amnistie des auteurs de violences lors des manifestations, ou l’organisation d’un dialogue politique auxquels n‘étaient pourtant pas conviés les principaux partis d’opposition.
Il a également fait voter une nouvelle Constitution limitant le nombre de mandats à deux “dans la vie” d’un président alors qu’elle limitait auparavant la possibilité d‘être candidat plus de deux fois consécutives. L’entourage de Boni Yayi avait alors dénoncé une mesure destinée à empêcher l’ex-président en exil de se représenter à l’avenir.
Les principales revendications de l’opposition n’ont pas été satisfaites à ce jour, à savoir notamment l’assouplissement des nouvelles conditions à remplir par les partis politiques pour obtenir une reconnaissance légale. C’est ce qui avait empêché les principaux détracteurs de Patrice Talon de participer aux élections il y a six mois.
AFP