Jawar Mohammed, un ancien soutien devenu virulent critique du Premier ministre éthiopien et prix nobel de la paix Abiy Ahmed, a annoncé samedi à l’AFP qu’il participerait aux élections générales prévues en 2020, pour s’assurer que le scrutin soit “libre et équitable”.
Ethiopie : un ex-allié devenu détracteur d'Abiy se lance dans les élections
M. Jawar, un activiste controversé de 33 ans et membre comme M. Abiy de l’ethnie oromo, a été le personnage central d’une flambée de violence qui a fait 86 morts fin octobre à Addis Abeba et dans la région environnante d’Oromia, après avoir accusé les autorités d’avoir tenté de s’en prendre à lui.
En déplacement dans l’Etat américain du Minnesota pour une “tournée de la diaspora”, M. Jawar a annoncé lors d’une réunion publique son intention de se lancer dans la bataille électorale, une promesse qu’il a confirmée à l’AFP au téléphone.
M. Jawar a ajouté qu’il n’avait pas encore décidé s’il serait candidat à la députation pour le parlement régional de l’Oromia ou pour le parlement fédéral.
“Je n’ai pas encore décidé pour quel poste ni quel parti (je vais me présenter). Ce que j’ai décidé, c’est d’y aller. Le but est d’aider à s’assurer que ces élections soient libres et équitables”, a déclaré M. Jawar à l’AFP.
Magnat des médias controversé, M. Jawar avait aidé M. Abiy à accéder au pouvoir en 2018. Mais il a depuis pris ses distances avec le Premier ministre réformateur, dont la popularité au sein de la communauté oromo pourrait souffrir de ces dissensions.
M. Jawar, accusé par ses détracteurs d’alimenter les divisions ethniques, est en désaccord avec le centralisme affiché par le Premier ministre et se pose en défenseur du système fédéraliste.
Pyromane ?
“Nous voulons donner aux gens une plateforme fédéraliste forte en opposition à la plateforme centraliste” proposée par le Premier ministre et ses alliés, a ajouté l’activiste, suivi par 1,7 million d’abonnés sur Facebook.
Né en Ethiopie en 1986, M. Jawar a depuis acquis la nationalité américaine. Pour pouvoir se présenter l’année prochaine, il doit d’abord renoncer à cette citoyenneté pour récupérer sa nationalité éthiopienne, Addis Abeba ne reconnaissant pas la double-nationalité.
“J’entamerai ce processus quand je rentrerai au pays”, a-t-il expliqué, “dans une semaine ou dix jours”.
Fin octobre, M. Jawar avait mis le feu aux poudres en accusant les autorités de vouloir l’arrêter, ce qu’elles avaient catégoriquement démenti. Les partisans de M. Jawar étaient descendus dans les rues, érigeant des barricades et bloquant des axes routiers dans plusieurs villes.
S’en étaient suivis trois jours de violences opposants manifestants aux forces de l’ordre mais également communautés entre elles, faisant 86 morts selon les autorités.
Les élections générales doivent théoriquement se dérouler en mai 2020, mais leur organisation a enregistré d’importants retards et de nombreux observateurs estiment leur report probable, et pour certains souhaitable.
AFP