À Bangui, la capitale de la République Centrafricaine, les victimes de la guerre de 2012 à 2014 ont soif de justice.
RCA : des victimes de la crise réclament justice
Dans ce pays d’Afrique centrale, toutes les procédures d’indemnisation sont au point mort. Six mois après la signature de l’accord de paix entre les groupes armés et le gouvernement centrafricain, une commission de justice et réparation pour dédommager les victimes devait voir le jour. Mais jusque-là, l’instance se fait toujours attendre. Et depuis sept ans, la justice centrafricaine ne s’est toujours pas prononcée sur l’indemnisation des victimes.
Consternés, les survivants de la crise et les parents des victimes, abandonnés à leur sort, se rassemblent tous les mardis dans l’enceinte de l‘église catholique Notre Dame pour mener des réflexions afin de faire entendre leur voix, à l’instar de Marie Élisabeth.
Ce rendez-vous hebdomadaire est un véritable périple pour cette septuagénaire qui a perdu son unique enfant pendant la crise, une année après l’avoir ramené du village pour des soins médicaux. Une séparation brutale dont Marie Élisabeth se souviendra toute sa vie.
« Mon unique fils a été tué par les Seleka. J’ai déposé une plainte, mais la souffrance continue. Je regarde les vélos, les taxis-motos et les véhicules parmi lesquels je marche, s’il m’arrive un accident que va-t-il se passer ? Je n’ai pas de famille pour m’enterrer, les Seleka pourraient-ils le faire ? Vous voyez tout ça ? », dit-elle avec dépit.
La crise centrafricaine a endeuillé plus d’uns et laissé sans abris de nombreux Centrafricains qui multiplient les efforts afin que leurs revendications soient prises en compte par l’Etat et que justice soit faite. Dans le sac à main de Marie Élisabeth, la fiche justificative du décès de son fils, qui devrait lui permettre de bénéficier des droits réservés aux victimes, ne la quitte jamais. N’ayant plus quelqu’un pour la loger, Marie Élisabeth a trouvé refuge dans une famille d’accueil. Mais les conditions de vie y sont déplorables, affirme Hervé Sévérin Lidamon, président de l’association des victimes.
La crise en République Centrafricaine a fait des milliers de morts et des blessés et déplacé plus de 600 000 personnes en interne et dans les pays voisins. 1,7 millions de personnes vivent désormais dans l’insécurité alimentaire tandis que plus de 870 autres ont besoin d’une assistance médicale, selon l’ONU.