Décès d'Albert Tévoédjrè, artisan de la démocratie au Bénin

Le Bénin pleure ce mercredi la disparition à 90 ans de l’homme de lettres et politicien Albert Tévoédjrè. Artisan majeur du vent de démocratie qui a soufflé sur le Bénin au début des années 1990, l’homme était également un médiateur dans les crises africaines, mais aussi un défenseur d’une Afrique libre, politiquement et économiquement.

Du régime Hubert Maga sous l‘ère duquel il a marqué ses premières années en politique au tournant des années 50-60, à son soutien à la candidature de Boni Yayi en 2006 en passant par la démocratisation au forceps imposée au régime de Mathieu Kérékou en 1990, celui qu’on surnommait « le renard Djrègbè » a su jouer sa carte dans les différentes saisons politiques qui se sont succédé au Bénin.

Secrétaire d’Etat à la présidence chargé de l’information dès les années 60, il fut également le rapporteur de la conférence nationale souveraine de 1990 qui débouchera sur le multipartisme au Bénin. Ministre sous Mathieu Kerekou entre 1996 et 1999, le politicien s’est assuré en parallèle une carrière bien remplie à l’international qui l’a par exemple conduit à la direction du Bureau international du travail (BIT) ou encore au Centre panafricain de prospective sociale (CPPS) dont il est le fondateur.

Bercé par les théories de la négritude d’Aimé Césaire et par les discours anti-impérialistes, Albert Tévoédjrè a trempé sa plume dans ses certitudes démontrant que l’Afrique devrait s’affranchir de ses pressions coloniales ainsi que du diktat des multinationales afin d’accéder enfin à la vraie indépendance. Résultat de l’analyse, une œuvre au succès immédiat publiée en 1958 : L’Afrique révoltée. En 1978, il remet le couvert avec La Pauvreté, richesse des peuples qui est une ode à une meilleure conceptualisation des relations Nord-Sud, appelées à être plus équitables.

Son engagement le conduit aussi à la médiation. Premier médiateur de la République du Bénin, il a également représenté l’ONU dans la crise militaro-politique qui a secoué la Côte d’Ivoire dès le début des années 2000. A l’annonce de son décès, ce mercredi dans une clinique de Porto-Novo à l‘âge de 90 ans, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a salué la mémoire d’un « grand fils » de l’Afrique.

L'Afrique perd un de ses grands fils avec la disparition de #AlbertTévoédjrè. Sincères condoléances à sa famille, au peuple et au gouvernement béninois. #Benin— Moussa Faki Mahamat (@AUC_MoussaFaki) November 6, 2019
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