Sur le papier, l’armée des Etats-Unis est la plus puissante de la planète, devant la Russie et la Chine. Mais dans les rangs de la grande muette américaine se cache un monstre appelé ultra-nationalisme. Des soldats, qui font bel et bien partie des effectifs de l’armée U.S., ont dans leur tête des idées qui s’apparentent, sinon, se marient sans ombrage avec l’extrémisme. Un problème dont tente de se débarrasser la première puissance économique mondiale, ce qui n’est pas vraiment facile à faire.
L'armée américaine et le dilemme des soldats ultra-nationalistes
Récemment, le dénommé Jarret Smith, âgé de 24 ans et servant dans l’armée de terre à Fort Riley (Etat du Kansas), a été mis aux arrêts. L’homme expliquait à un autre soldat son projet de fabrication d’une bombe à l’aide de matériaux disponibles dans le grand commerce. Ce que Smith ignorait, c’est qu’il s‘était confié en réalité à un agent infiltré du FBI (Federal Bureau of Investigation, la police des polices américaines, NDLR). Ce lundi, Smith a été inculpé par un tribunal du Kansas de “distribution d’informations relatives à des explosifs ou des armes de destructions massives”.
Le cas Smith est loin d‘être isolé. Christopher Paul Hasson, lieutenant des garde-côtes U.S. de 49 ans et raciste notoire se voulant ‘‘homme d’action’‘, est hanté par le sinistre rêve d’une “violence ciblée destinée à établir une patrie blanche”.
Obnubilé par l’assassin norvégien Anders Breivik (l’homme qui a perpétré et revendiqué les attentats d’Oslo et d’Utøya qui ont fait au total 77 morts et 151 blessés le 22 juillet 2011, NDLR), Hasson avait pour ambition de tuer de nombreuses figures politiques, notamment démocrates. Il avait aussi dans son viseur des personnalités médiatiques.
L’illuminé comptait aussi mener des attaques terroristes aveugles à l’aide d’armes… biologiques. Ses fenestres projets ont été stoppés avant même de voir le jour, il a été arrêté pour possession d’armes et de drogue non loin de Washington en février dernier.
L’armée de terre américaine révélait en mai de cette année avoir diligenté une enquête autour d’un certain Corwyn Carver, 22 ans, infirmier militaire basé à Fort Bliss (Etat du Texas). Le jeune homme est soupçonné de faire partie d’un dangereux groupe néonazi dénommé “Atomwaffen Division”.
Pour sa part, le Pentagone (l’Etat major des armées américaines, NDLR) fait savoir que l’appartenance de ses soldats à des acitvités extrémistes “n’a jamais été tolérée” par l’armée des Etats-Unis.
Selon Jessica Maxwell, une porte-parole du Pentagone, le ministère de la Défense “utilise une approche multiforme pour en savoir autant que possible sur les nouvelles recrues potentielles (...) afin de s’assurer qu’elles puissent avoir le privilège de servir dans l’armée. Nous disposons de divers outils de sélection qui nous permettent d’identifier ceux qui ne partagent pas nos valeurs’‘.
Dans l’armée malgré des faits flagrants d’extrémisme
Mais les faits contredisent la porte-parole. En effet, l’enquête menée dans le cas Jarrett Smith révèle que ce dernier avait été enrôlé dans l’armée un an après une discussion qu’il avait eue sur Facebook avec un certain Craig Lang, un individu pas recommandable. Lang, extrémiste jusqu’u bout des ongles et fiché par les services de sécurité américains, avait pris part aux combats en Ukraine aux côtés d’une branche paramilitaire d’extrême droite du nom de “Secteur droit”.
Lors de leur échange sur le réseau social en 2016, Smith disait à Lang : “Je n’ai pas d’expérience militaire, mais si je ne peux pas trouver une place en Ukraine d’ici octobre, je m’engagerai dans l’armée.”, révèle le FBI. L’année suivante, soit en 2017, Smith entrait tranquillement dans l’armée de terre américaine à Fort Benning, en Géorgie.
Brian Levin est le directeur du centre d‘étude de l’extrémisme à la California State University-San Bernardino. Selon lui, le cas Smith est révélateur du fait que les suprémacistes blancs veulent “se concentrer sur les militaires, car ils ont des qualifications précieuses” qui pourraient leur permettre de réaliser leurs sinistres projets.
Et l’expert d’ajouter : “Le Pentagone fait des efforts sincères. Les militaires sont parfaitement conscients du problème et il est certain qu’ils y travaillent. Maintenant, ce qu’il faut faire, c’est trouver de nouveaux outils pour y répondre.”
Le nœud gordien se trouve effectivement dans le lien entre l’extrême droite et l’armée américaine. Perçue comme un exemple de diversités ethniques, la grande muette demeure pourtant une cible de choix pour ces groupes racistes et ‘‘jusqu’au boutistes’‘, nostalgiques des siècles derniers où la ségrégation raciale était encore une attitude tout à fait banale et normale aux Etats-Unis, érigée à l‘époque en loi adoptée par les parlementaires.
La publication spécialisée Military Times a réalisé en octobre 2018 un sondage qui ne fait pas bonne impression. Cette enquête d’opinion a permis d’interroger plus de 820 militaires en service. 22% d’entre les interviewés ont affirmé avoir décelé des attitudes de racisme et de suprématisme blanc dans les rangs de la grande muette U.S., rien qu’au cours de l’année 2018.
C’est dans les années 1980 que le mariage armée – extrême droite a été révélé. A l‘époque, un ex-combattant de la tristement célèbre guerre du Viêt Nam, le dénommé Louis Beam, prenait la tête d’un groupuscule néonazi. Cette organisation radicale prêchait le renversement pur et simple du gouvernement américain, ainsi que son remplacement par ce qu’il appelait une “nation aryenne”, idée directement inspirée des théories racistes du gouvernement du 3e Reich d’Adolf Hitler.