Une sortie de touristes en pirogue tourne au drame : quatre morts au large de Dakar

L’excursion sur un archipel prisé des touristes a viré au drame lundi soir au large de Dakar: quatre personnes sont mortes dans le naufrage d’une pirogue partie en mer avec des dizaines de Sénégalais et d’Européens malgré le danger des pluies tropicales.

Mis à jour à 17h GMT

Blessés ou en état de choc, la petite quarantaine de rescapés de cette nuit d‘épouvante ont été évacués mardi par bateau des îles de la Madeleine, archipel inhabité à quelques minutes de la côte dakaroise sur lequel ils ont apparemment été surpris la veille au soir par un brutal épisode pluvieux caractéristique de la région.

Les circonstances sont confuses et les autorités restent évasives, alors que les questions et les expressions d’indignation affluent sur les réseaux sociaux.

Les touristes, parmi lesquels une grande majorité de Sénégalais, mais aussi six Français, deux Allemands, deux Suédois et un Bissau-Guinéen, avaient fait la visite des îles quand ils ont été “piégés sur site” par un brutal épisode de pluies diluviennes et la houle, a rapporté le commandant des pompiers de Dakar, le lieutenant-colonel Papa Ange Michel Diatta.

Ces passagers ou certains d’entre eux auraient tenté de regagner le continent. “Malheureusement, certainement après quelques tentatives pour essayer, leur embarcation a dû chavirer”, a-t-il dit.

Quatre personnes ont péri, selon les autorités et les secours. Leur identité et leur nationalité n’ont pas été communiquées pour l’instant.

L’ambassade de France à Dakar, qui a dépêché le consul général auprès des survivants français, a assuré ne pas avoir d’informations faisant état de Français décédés.

“Ne pas savoir”

De premières informations faisaient état d’au moins trois disparus mais les pompiers ont ensuite déclaré qu’ils avaient été retrouvés vivants.

Les rescapés ont passé la nuit sur l’archipel, dont l‘île principale, grande comme quelques dizaines de terrains de football, forme une excroissance plate et verte à une vingtaine de minutes de pirogue à moteur de la métropole dakaroise. 

“Avec le traumatisme, la nuit, les mauvaises conditions, en accord avec les victimes sur place, la solution retenue la plus sage, c‘était que ces victimes (passent) la nuit” sur l‘île, malgré l’absence d’abris, a expliqué le lieutenant-colonel Diatta.

Ses abords étant dangereux pour un bâtiment plus important, les pompiers leur ont apporté sur de petites embarcations des couvertures, de la nourriture, des médicaments, et ont passé la nuit à leurs côtés, a-t-il dit.

Ramenés sur la côte par bateau dans la matinée, les rescapés ont été conduits à l’hôpital.

Mais, pendant plusieurs heures, des proches en grand désarroi ont cherché mardi matin à obtenir des nouvelles des leurs dans l’Anse des Madeleines d’où était partie la navette la veille. 

“On a été appelé par la gendarmerie à 05H00 (locales et GMT). Mon frère était dans cette pirogue. Le pire, c’est de ne pas savoir”, confiait Aminata Diop, âgée d’une trentaine d’années.

Le gouvernement sévèrement critiqué

Une vieille femme s’effondre au sol, puis est emmenée par des membres de sa famille. Elle revient en hurlant et en accusant le gouvernement sénégalais de cacher des choses. Une autre femme, le visage sous un voile, sanglote sur des marches.

Le Sénégal est entré tardivement cette année dans la saison des pluies, appelée “hivernage”, et connaît depuis quelques jours de fortes précipitations et des orages violents qui ont fait plusieurs victimes. Deux pêcheurs sont morts foudroyés sur leur pirogue dans le même secteur le 7 septembre. La mer est dangereusement agitée autour des récifs.

Le gouvernement a été sévèrement critiqué pour son action face aux dommages causés par les intempéries.

Les îles de la Madeleine sont un archipel constitué de deux îles inhabitées, mais riches en faune et en flore. Elles constituent une destination prisée des touristes, auxquels elle offre un beau point de vue sur Dakar. Ces sorties font vivre bon nombre de Sénégalais dans un pays où la pauvreté affecte autour de 40% de la population, selon la Banque mondiale.

AFP
Voir sur Africanews
>