En dépit de son échec dans la course à la présidence du Sénat en RDC, Modeste Bahati Lukwebo aura tout de même fait preuve de courage, voire d’intrépidité pour affronter le candidat désigné par sa famille politique.
RDC - Bureau du Sénat : l'inoubliable frappe de Bahati
Des regrets au sein de la plateforme politique Alliance des forces démocratiques du Congo et Alliés (AFCDC-A) de Modeste Bahati Lukwebo. Et pour cause : un des leurs vient d‘être battu dans la course au poste de président du Sénat Avec 43 voix. Au grand plaisir d’Alexis Thambwe Mwamba qui a obtenu 65 voix lors d’une élection serrée.
Oui, serré, c’est le cas de le dire, car le scrutin a mis aux prises deux « éléphants » qui se battaient pour décrocher la présidence du Sénat. Un poste prestigieux, car en établissant la préséance des institutions de RDC des observateurs placent le président de la chambre haute du Parlement à la deuxième position après la présidence de la République.
Un poste également stratégique, en ce que le président du Sénat est censé assumer les fonctions de chef de l‘État par intérim en cas de vacance de pouvoir pour indisponibilité liée à plusieurs facteurs : destitution (selon l’article 166 de la Constitution) pour délit d’initié, démission, décès, etc.
Mais bien que battu, l’actuel ministre de l‘Économie se souviendra également du jour où il a pris la décision de briguer la présidence de la chambre haute du Parlement de RDC.
Modestie n’est pas synonyme de peur
Une décision qui procède de la hardiesse pour avoir ramé à contre-courant de la volonté de la quasi-totalité des membres du Front commun pour le Congo (FCC). Tant cette coalition mise en place et présidée par l’ancien chef de l‘État Joseph Kabila avait jeté son dévolu sur Alexis Thambwe, membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti de Kabila, majoritaire au FCC.
Un affront mal digéré par le FCC qui n’avait pas lésiné sur les mots pour tirer à boulets rouges (dans les médias par exemple) sur Bahati avant de le radier du groupement politique.
Mais si Bahati « a fait preuve de modestie » en réaffirmant sa fidélité à Kabila, cet affront reste particulièrement symbolique dans un FCC où Kabila en tant qu‘« autorité morale » semble avoir une posture de « quelque divinité ayant droit de vie et de mort sur les autres camarades », selon un étudiant en sociologie à l’université de Kinshasa.
Reste à savoir ce que l’avenir réserve à Bahati et son AFCDC-A. Une chose semble néanmoins sûre, l’AFCDC-A semble désormais à même de négocier d‘égal à égal avec n’importe quel partenaire, quelle qu’en soit la taille.