Tout a commencé par un communiqué de l’E2C, la société Énergie Électrique du Congo, qui annonçait des perturbations le dimanche 23 juin de 7h du matin à 20h le soir dans la ville de Pointe-Noire, capitale économique du Congo.
Congo : l'enfer des coupures de courant
Raison invoquée ? Des travaux de dépoussiérage d’une sous-station. Seulement, voilà, durant 6 jours, une grande partie des habitants de cette ville côtière est restée totalement dans le noir. Et devant le siège de l’ex-SNE, justement, certains d’entre eux sont venus exprimer leur mécontentement.
“Ça fait 6 jours, seconde par seconde, minute par minute, heure par heure, jour après jour, que l’on n’a pas d‘électricité. Alors qu’a côté les voisins ont de l‘électricité. On se demande comment ils font cette répartition. Parce que c’est n’est quand même pas croyable ! Vous connaissez le pouvoir d’achat des Congolais aujourd’hui, on ne peut pas aller au marché tous les jours donc on doit faire des provisions. Mais malheureusement la nourriture est en train de pourrir dans nos congélateurs et la SNE se fout des gens. Et personne n’en parle pas même les médias ! Je suis même surpris de vous voir aujourd’hui et je suis obligé d’en parler, parce que cela devient infernal. Nous sommes fatigués de cette façon de faire !”, peste un client de la compagnie d‘électricité.
Du côté de la cité, sur la place du marché, ce vendeur de charcuterie comme bien d’autres commerçants déplore des pertes considérables.
“Concernant l‘électricité, nous qui vendons des produits congelés en souffrons beaucoup parce que sans électricité, nous risquons de vendre des produits avariés. Il y a peu, nous avons dû jeter nos produits à cause de la coupure qui a duré 6 jours. Les autorités doivent faire face à ce problème d‘électricité qui cause beaucoup de tort à la population !”, renchéri un commerçant.
Comment une telle situation a-t-elle pu se produire et surtout, pourquoi ce silence de la part de l’E2C ? Nous avons posé la question à son directeur d’exploitation, Marie Joseph Opoumba.
>>> LIRE AUSSI : Délestage au Congo-Brazza : les petits commerces dans le dur
Coupures fréquentes
“Les travaux ont perduré par rapport à ce qu’on a trouvé puisqu’en faisant une maintenance préventive de certains équipements, il peut arriver qu’au moment du contrôle, on découvre la nécessité d’une maintenance corrective. C’est ce qui s’est passé et les travaux préalablement prévus pour durer 48h, ont perduré jusqu’au 28 au matin où les travaux ont pris fin, explique M. Opoumba.
Le communiqué était bel et bien passé sauf que nous avons été surpris par les délais, car les travaux devaient prendre fin beaucoup plus tôt. Je profite également de l’occasion pour présenter nos sincères excuses à notre clientèle pour les désagréments causés, ce n‘était pas volontaire”.
Le problème serait parti du Poste Haute Tension de Ngoyo. Un problème de disjoncteur qui a finalement eu des conséquences assez pénibles pour les habitants de Pointe-Noire comme nous explique Phips Ngalebaye, chef de division de ce poste.
“C’est un équipement que nous appelons le disjoncteur, il est composé de 3 pôles, qui est l’origine des soucis. Le disjoncteur qui existait avant avait un problème sur ce pôle, que nous appelons le pôle A dans notre jargon. Mais puisque son rôle fondamental c’est de protéger cet équipement, le transformateur, sans lequel le poste n’a plus de raison d‘être… il était préférable de protéger le transformateur au risque de perdre un disjoncteur, tant que l‘équipement fondamental reste protégé. Donc comme nous avions déjà des problèmes sur le disjoncteur, il était mieux de perdre un peu de temps, de changer le disjoncteur, et de protéger le transformateur qui est l‘élément fondamental dans un poste”, détaille le technicien.
Au Congo la capacité installée du courant est passée de 89 à plus de 600 mégawatts ces vingt dernières années. Mais, les coupures restent fréquentes. A ce jour, plus de 525 millions d’Africains n’ont pas accès à l‘électricité.
@Bridget_Uzezi