Bénin-Disparition : le corps du guide "identifié", les deux touristes français toujours introuvables

Le corps retrouvé dans le parc national de la Pendjari, au Bénin, où deux touristes français ont disparu depuis mercredi, est bien celui de leur guide, a annoncé dimanche à l’AFP une source proche du gouvernement béninois, renforçant les craintes d’un enlèvement dans ce pays jusque-là épargné par l’insécurité grandissante en Afrique de l’Ouest.

“Le corps du guide a pu être formellement identifié” bien qu’il soit “très abîmé” et “défiguré”, a ajouté cette source, précisant qu’une grande incertitude régnait toujours quant au sort des deux touristes français, “deux enseignants venus passer une dizaine de jours en vacances au Bénin”.

“C‘était un guide professionnel bien connu au Bénin. Hier matin (samedi) lorsque les gens du parc l’ont découvert, ils l’ont reconnu malgré l‘état très abîmé du corps. Un médecin légiste qui l’a ensuite examiné a estimé que c‘était lui à 99%”, a poursuivi cette source.

Le pantalon retrouvé sur le cadavre a été présenté à sa famille, qui a confirmé qu’il s’agissait bien de celui du guide béninois Fiacre Gbédji.

“La thèse d’un enlèvement se précise” pour les deux touristes français, avait auparavant confié à l’AFP une source sécuritaire de la région. 

Leur véhicule a été retrouvé dans l’est du Burkina Faso, selon cette source, qui a précisé : “Un Toyota 4 Runner qui transportait les deux touristes français et leur guide a été retrouvé sans les occupants”.

La source proche du gouvernement béninois a confirmé que le véhicule avait été retrouvé dans l’est du Burkina Faso sans aucune trace des deux touristes. “Ils ont peut-être déjà passé la frontière avec le Mali”, base arrière de nombreux groupes jihadistes, a affirmé cette source.

Ils ont disparu mercredi soir et “sont probablement déjà très loin”, a confié une source sécuritaire à Cotonou.

Les enseignants arrivés au Bénin il y a une dizaine de jours, avaient visité plusieurs sites dans le sud du pays dont Abomey et Ouidah et devaient s’envoler dimanche soir pour Paris, selon la source gouvernementale : le parc de “la Pendjari était le bonus de leur séjour”.

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Dégradation sécuritaire

La Pendjari, ce parc de 4.700 km2 est l’un des trois parcs de l’ensemble WAP (W, Arly et Pendjari) qui s‘étend sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, et l’un des derniers sanctuaires de la vie sauvage en Afrique de l’Ouest.

Il fait partie des grands projets de réhabilitation engagé par le Bénin pour son développement économique depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon, en avril 2016. 

Les investisseurs se sont engagés à investir 26 millions de dollars (dont 6 millions par le gouvernement béninois) en dix ans pour faire revivre ce parc, abîmé par des décennies de négligence. 

Mais sa situation géographique, limitrophe avec le Burkina Faso était une menace constante, qui est désormais réelle : le pays voisin, est confronté à une dégradation de la situation sécuritaire sur son sol depuis 3 ans, avec une accélération alarmante ces derniers mois.   

Le Bénin était considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, une région mouvementée, où opèrent de nombreux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI), mais les parcs sont des zones très difficiles à surveiller, malgré un fort renforcement des équipe de surveillance, entrainées militairement depuis que African Park a repris la gestion de la Pendjari . 

“Il vous arrive de rencontrer des gens à pieds dans le parc, mais vous ne savez pas où ils vont ni d’où ils viennent”, explique à l’AFP Robert Oké, un guide du parc. 

“Passer facilement”

“Il y a beaucoup de chemins dans le parc où des gens peuvent passer facilement surtout en cette période de saison sèche”, poursuit le guide de chasse et touristique, qui a passé toute sa carrière dans la Pendjari. 

“J’ai même un groupe de touristes qui venait le 15 mai”, se désole le guide. “Ils ont dû annuler. Ils venaient pour six jours dans le parc”. 

L’exploitation du parc est l’une des seules sources de revenus dans cette région reculée du Bénin, à plus de 10 heures de route de la capitale économique, Cotonou. 

La zone avait récemment été placée comme zone “formellement déconseillée” par le Quai d’Orsay, “compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d’enlèvement”.

Selon des experts et des sources sécuritaires, le nord des pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest, comme le Togo et le Bénin, sont devenus vulnérables ces derniers mois face à la stratégie d’expansion et de multiplication des fronts adoptée par les groupes armés.

Dans le parc du W, à cheval sur le Bénin, le Niger et le Burkina, “des combattants originaires du Mali auraient mené dès 2014-2015 une reconnaissance” jusqu’au Bénin, selon un rapport publié en mars par l’institut de recherche Thomas More.

Au Burkina, 90% des attaques ne sont pas revendiquées. Elles ont été pour la plupart attribuées à Ansaroul Islam, au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou à l’Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS), mais une dizaine d’autres groupes, “plus petits et sans doute moins structurés” sont également actifs, selon le International Crisis Group (ICG).

AFP

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