Dans le bras de fer qui opposait la Cour pénale internationale aux Etats-Unis de Donald Trump, il semble que l’administration américaine ait pris le dessus. La Cour vient d’annuler une demande de sa procureure d’ouvrir une enquête en Afghanistan, à la grande joie du président américain.
La CPI annule une enquête en Afghanistan, Donald Trump crie victoire
La Cour pénale internationale (CPI) n’enquêtera pas sur les présumés crimes commis par les Etats-Unis durant la guerre en Afghanistan. Du moins, pour le moment. La justice internationale vient de désavouer sa procureure, la Gambienne Fatou Bensouda, qui en avait fait la demande.
L’annonce des juges a été rapidement critiquée par différents groupes de défense des droits de l’homme, qui parlent d’un coup dur pour les “milliers de victimes” du conflit armé faisant rage dans ce pays depuis 2003.
“Les juges ont décidé qu’une enquête sur la situation en Afghanistan à ce stade ne servirait pas les intérêts de la justice”, a déclaré dans un communiqué la Cour qui a son siège à La Haye.
Si la Cour ne le mentionne pas ouvertement, ce revers infligé à sa procureure apparaît davantage comme un fléchissement à la suite de pressions exercées par les Etats-Unis. La décision intervient notamment une semaine seulement après que Washington a révoqué le visa de la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda, en raison d’une possible enquête sur des exactions de soldats américains en Afghanistan.
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La légitimité en question
Les Etats-Unis, qui ne sont pas membres de la Cour, avaient annoncé des sanctions sans précédent mi-mars à son encontre, avec des restrictions de visa contre toute personne “directement responsable” d’une éventuelle enquête “contre des militaires américains”.
Le président Donald Trump a donc salué vendredi “une grande victoire” pour “l’Etat de droit”.
Des mois en arrière, en septembre 2018, le dirigeant américain avait livré une attaque en règle à la CPI, à la tribune des Nations unies. “Les Etats-Unis n’apporteront aucun soutien ou reconnaissance à la CPI”, qui “revendique une juridiction quasi-universelle sur les citoyens de tous les pays en violation des principes de justice, d‘équité”, avait-il prévenu.
“Nous n’abandonnerons jamais la souveraineté américaine à une bureaucratie mondiale non élue et irresponsable”, avait-il ajouté, rejetant “l’idéologie du mondialisme”.
Une nouvelle fois, la Cour – affaiblie ces dernières années – devra se sculpter une nouvelle réputation si elle veut convaincre ses détracteurs de sa légitimité. En janvier dernier, l’acquittement de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo avait créé des effluves, laissant justement en suspens la question de la légitimité et de l’utilité même de cette Cour.
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