Le règne de Yahya Jammeh en Gambie continue de susciter accusations et révélations. Un récent rapport accuse notamment l’ancien dirigeant d’avoir dérobé jusqu‘à un milliard de dollars des caisses de l’Etat gambien.
Jammeh accusé d'avoir spolié la Gambie d'un milliard de dollars
Le nouveau président gambien, Adama Barrow, s‘était peut-être fourvoyé lorsqu’il annonçait, à son accession au pouvoir début 2017, que son prédécesseur avait retiré environ 90 millions de dollars des caisses de l’Etat. Un rapport publié mercredi par le groupe d’enquête Crime and Corruption Reporting Project devrait lui dresser les cheveux sur la tête.
Pendant deux décennies, souligne le rapport, l’ancien chef d’Etat Yahya Jammeh a pillé l’argent, les richesses du pays, y compris de la banque centrale, de l’aide sociale et de la société de télécommunication d’Etat. Le tout, pour un montant frôlant le milliard de dollars, selon les relevés bancaires, les contrats, la correspondance gouvernementale et les rapports internes consultés par la task force.
La corruption, orchestrée “comme un syndicat du crime organisé” impliquait des fonctionnaires d’Etat et un groupe d’hommes d’affaires dirigé par un ancien financier du Hezbollah libanais, ajoute le rapport. Les méthodes de choix de l’ancien président consistaient à détourner les comptes de la banque centrale, à créer de nouveaux comptes sur lesquels lui-même ou ses partisans étaient les seuls signataires ou à utiliser des comptes “dormants”.
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Un pays ruiné
Amadou Colley, gouverneur de la Banque centrale de Gambie de 2010 à 2017, a déclaré lors d’un témoignage devant une commission d’enquête que M. Jammeh et ses partisans exerçaient un “contrôle important sur l’institution” et retiraient souvent des fonds sans documents appropriés. Il a du reste révélé le retrait de quelque 70 millions de dollars sans documents explicites.
Le président Jammeh aurait par ailleurs détourné une bonne partie de l’aide accordée par Taïwan après que la Gambie a reconnu l’archipel en 1995. “La véritable ampleur des vols de Jammeh à la Banque centrale pourrait ne jamais être entièrement connue”, a déclaré le groupe d’enquête Project Crime and Corruption Reporting Project.
Pour l’heure, toutefois, les secousses sont importantes au sein de la Banque centrale du pays. L’institution doit actuellement 130 % de son PIB aux prêteurs, selon le Fonds monétaire international (FMI). Dans le même temps, la Gambie reste très pauvre avec une dette de 489 millions de dollars fin 2017, selon la Banque mondiale.
Yahya Jammeh, aurait utilisé l’argent détourné pour financer son train de vie fastueux et devrait maintenir le rythme dans son exil forcé en Guinée équatoriale qu’il a rejoint après sa défaite à la présidentielle de décembre 2016.
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