Le dernier rapport préliminaire du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine de l’ONU sur la Belgique est sans ambages. La discrimination raciale à l‘égard des Africains est “endémique” dans les institutions belges et le pays doit s’excuser et réparer les crimes commis pendant la colonisation de ce qui était alors le Congo belge.
Colonisation : "la Belgique doit envisager des réparations aux Congolais" - Experts de l'ONU
La discrimination, une question encore pesante dans la société belge d’aujourd’hui. C’est le constat du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine de l’ONU, créé en 2002 à la suite de la Conférence mondiale sur le racisme de Durban. Le groupe s’est notamment dit “préoccupé par la situation des droits de l’homme des personnes d’ascendance africaine en Belgique victimes de racisme et de discrimination raciale”, a-t-il écrit dans son rapport préliminaire, rédigé après un séjour d’une semaine des experts en Belgique. “Il est clair que la discrimination raciale est endémique dans les institutions en Belgique”, a-t-il poursuivi.
Selon les cinq experts onusiens (une Américaine, un Jamaïcain, un Sud-Africain, un Philippin et un Polonais), cette tendance est intimement liée au passé de colonisateur de la Belgique qui refuse de reconnaître les crimes commis durant la colonisation du Congo belge, aujourd’hui République démocratique du Congo.
“Les causes profondes des violations des droits de l’homme actuelles résident dans le manque de reconnaissance de la portée réelle de la violence et de l’injustice de la colonisation”, ont-ils poursuivi.
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“Excuses” et “réparation”
La Belgique, notamment sous le règne du roi Léopold II (1885 à 1908), a été considérée comme l’un des pires exemples en termes d’abus coloniaux. Réputé extrêmement brutal, ce régime est dit comptable de la mort de millions de Congolais sous la colonisation. Plus de cinquante ans après cette période sombre de l’histoire congolaise, la Belgique n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans ces abus.
Pour le groupe d’experts, cependant, il est temps que le gouvernement présente ses excuses “pour les atrocités commises durant la colonisation” et établisse une “commission vérité” sur cette période historique.
S’ils apprécient les initiatives des autorités fédérales, régionales et communales pour combattre le racisme et la discrimination, ainsi que les manifestations culturelles célébrant les cultures africaines dans notre pays, les experts énoncent quelques recommandations pour aider la Belgique à extirper le racisme envers les descendants d’Africains.
“Reconnaître la contribution des descendants d’Africains
La mise en place d’un système efficace de statistique pour répertorier les abus raciaux sur le territoire belge en fait partie. Ils proposent entre autres au gouvernement d’“adopter un plan d’action national et interfédéral contre le racisme”, en “partenariat avec des descendants d’Africains”. Établir une “institution nationale pour les droits de l’homme indépendante en partenariat avec des descendants d’Africains”. Financer des “projets créatifs de descendants d’Africains telle qu’une Maison de la culture africaine” afin de “préserver l’histoire et la mémoire de la diaspora africaine”. Ou encore reconnaître “la contribution des descendants d’Africains au développement de la société belge en créant des monuments” à leur gloire.
Le gouvernement devrait par ailleurs revoir son “matériel éducatif” concernant “l’esclavage, le trafic d’esclaves et le colonialisme” et rendre “obligatoire” l’enseignement de l’histoire coloniale belge “à tous les niveaux du système d’éducation”. “Tous les enseignants devraient recevoir une formation antiraciste.”
Il faudra attendre le mois de septembre pour connaître les conclusions finales du groupe onusien. Pour l’heure, le gouvernement belge n’a donné aucun commentaire à propos de ce rapport.
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