Le sondage sur la présidentielle du 23 décembre en RDC rendu public hier place Félix Tshisekedi largement en tête devant le candidat du pouvoir est boudé par le régime de Kabila. Lequel s’interroge sur l’opportunité de publication de ce sondage.
Élection présidentielle en RDC : le camp Kabila boude un sondage donnant Tshisekedi favori
Félix Tshisekedi, sera-t-il le cinquième président de RDC ? C’est en tout cas l’impression qui se dégage vu les résultats du sondage réalisé en septembre dernier et rendu public ce mardi 30 octobre par l’organisation congolaise Bureau d’Études, de Recherches, et de Consulting International (BERCI) et le Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’Université de New-York.
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La présidentielle du 23 décembre prochain devrait donc être remportée par le candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, opposition) qui totalise 36 % des intentions de vote devant un autre opposant Vital Kamerhe avec 17 %. Quant au candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, seulement 16 % de Congolais devraient voter pour lui.
Un résultat qui est loin de satisfaire le camp de Joseph Kabila. Les membres du Front commun pour le Congo (FCC), une plateforme constituée de partis et associations de la Majorité présidentielle, estiment en effet que ce sondage comporte quelques insuffisances ou défaillances.
« Pourquoi les auteurs de cette prétendue enquête d’opinion n’ont-ils pas tenu compte de l’engouement constaté lors de la présentation de notre candidat, samedi 27 octobre, au stade Tata Raphaël, à Kinshasa ? » s’interroge le professeur Adolphe Lumanu, membre du FCC cité par Jeune Afrique.
Le pouvoir «serein»
« Au sein du FCC, nous sommes sereins et confiants. Nous ne croyons pas du tout à cette mise en scène concoctée depuis l’étranger. Je n’ai pas vu, par exemple, les enquêteurs du GEC chez moi, à Idiofa », poursuit Adolphe Lumanu qui indique que son camp contrôle la situation à « plus de 80 % ».
Et pour les sondeurs se sont voulus méthodiques dans leur travail. « Les répondants ont été recrutés à partir d’une liste de 2000 numéros de téléphone cellulaire obtenus lors du sondage de BERCI/GEC de 2016, réalisé [à leur] domicile, à l’échelle nationale, dans plus de 400 sites d’enquête urbains et ruraux (…). Les interviews ont été téléchargées directement sur un serveur hébergé à distance par le site Web Ona.io, accessible à tous les partenaires en temps réel », peut-on lire dans le rapport.
D’autres observateurs dénoncent l’attitude du pouvoir. « Dire qu’on doit prendre en compte l’engouement lors des meetings, voilà la légèreté de tout un régime qui préfère endormir le peuple avec des données empiriques plutôt que de se fier à des renseignements obtenus de manière scientifique, même si, avouons-le, la perfection n’est pas de ce monde et que la manipulation peut avoir droit de cité dans ce genre de circonstances », déplore un étudiant résidant à Limeté à Kinshasa.
Mais, quelque objectif ou partial que soit ce sondage, la RDC reste jusqu’ici face à un défi de taille : le consensus autour du processus électoral. Et on devrait vite le relever.
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